Sommes-nous responsables de ce qui nous arrive?

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Ou « ce n’est pas moi, c’est l’autre ! »

Est-il possible d’entendre que nous sommes responsables de ce qui nous arrive quand on est victime d’un pervers narcissique ou d’une agression quelle qu’elle soit ?

Comment reconnaître ma part de responsabilité dans cette manipulation mentale, ou ce harcèlement que je subis tous les jours ?

Suis-je responsable de cette agression à main armée qui est venu un jour gâcher le reste de ma vie ?

Est-ce ma faute, à moi, si les clients dans mon travail sont agressifs ou menaçants ?

Ce n’est pas moi qui cherche les coups de mon conjoint alcoolique, ce n’est pas moi qui suis allé au devant de cette catastrophe !

Est-ce moi qui a provoqué ma maladie ou ma faillite ?

Il est vrai, que, la seule idée d’être « complice » de celui ou celle qui nous fait souffrir est insupportable.
Quand on est au cœur du volcan, on ne peut plus penser parce qu’on brûle.
On veut juste qu’on nous en sorte et que ça cesse.

Avant tout, vous devez savoir que je ne suis pas une « psy » qui regarderait les faits, du haut de ses connaissances théoriques sur la question.
Je ne suis, pas plus, une scientifique qui observerait la réalité d’un virus mortel au microscope, tout en s’en protégeant soigneusement.
Je parle d’un vécu d’ex-victime, avec tous les événements qui ont jalonné mon histoire et des leçons que j’ai pu en tirer, juste pour avancer et parce que je voulais m’en sortir.
Parce qu’on est bien d’accord, il s’agit de s’en sortir définitivement et, vivant, de préférence !

Clo 1

En ce qui me concerne, victime d’un harcèlement sexuel (et moral) pendant 5 ans, j’avoue avoir eu souvent envie d’arracher la tête de ma psy quand elle osait me poser la question : « Oui, et quels sont les bénéfices secondaires de votre expérience ? »
Que pouvait-elle comprendre de ma souffrance, cette femme, calme et sereine, derrière son bureau !?
Elle ne vivait pas mon enfer, elle n’était pas à ma place !
Mais, à force de me retrouver en position de victime et de me poser la question, j’ai compris ce qu’elle voulait me dire et ma vie a changé.

Ce que j’ai compris ? C’est ce que j’aimerais partager dans ces quelques lignes.

Comment accepter que nous avons « peut-être » notre part de responsabilité dans ce qui nous arrive ?

Quand on subi la violence de l’autre, on se sent, tout simplement victime, qui plus est, une victime innocente.
De fait, nous sommes « victimes » d’un autre ou d’un évènement qui nous dépasse, englué dans une situation infernale où ne pouvons que subir l’injure qui nous est faite, avec un sentiment d’impuissance absolue.
Ce que je remets en question, non pas d’un point de vue juridique, mais, d’un point de vue psychologique, c’est , justement, notre part d’innocence.

Serais-je coupable de vivre ce type de relation ?
« Coupable », non ! « Responsable », oui.

Quoi qu’il arrive dans nos vies, nous devons à tout prix retrouver notre capacité de choix et, pour commencer, avant qu’il ne soit trop tard.
Il s’agit d’assumer la responsabilité de ce que nous vivons.
On va dire qu’on n’est peut-être pas responsable à 100%, ni même de 50%, on va s’en tenir à 5% !
Mais, dans tous les cas, nous restons responsables de nous-même et des choix que nous allons faire.

Être responsable, c’est être capable de donner une réponse à une situation.

Au lycée, j’ai fait du latin, je n’aimais pas ça du tout, mais, des années plus tard, le mot « responsable » s’est décomposé bizarrement sous mes yeux et, j’ai compris la différence entre la notion de « responsabilité » et celle de « culpabilité » que l’on emploie souvent, indifféremment, comme s’il s’agissait de la même chose.
J’en veux pour preuve les cas d’accidents collectifs graves ou de sinistres importants où les médias nous annoncent systématiquement « qu’une enquête est ouverte pour chercher les responsables » et bien évidemment nous comprenons tous qu’ils cherchent les « coupables » !

Le mot « responsable » est composé de : « res » : la chose , « responsa » : la réponse, « able »  être capable de…   autrement dit : « Être capable d’apporter une réponse à une situation » , et , mieux encore , au cœur même du mot, il y a «sponsa», qui signifie la fiancée, en latin . La Fiancée, c’est la promise à une union future autrement dit la promesse de l’unité.

Dans « coupable », par contre, on entend : la capacité à battre sa coulpe, voire , si on joue avec le mot : la possibilité d’être « coupé en deux » ce qui sous-entend qu’on aurait commis une faute qui nous divise.

D’un côté on va vers l’unité, la réconciliation avec soi-même.
De l’autre, la dualité, la division, la lutte, le combat d’une partie de soi contre soi ou contre l’autre et, par conséquent, la souffrance.

Lueurs despoir

Quand on affirme qu’on est responsable de ce qui nous arrive, on ne dit pas qu’on est coupable.
On n’est plus dans le registre moral ou juridique, à rechercher « qui est coupable ? », ou « à qui la faute ?»

En tant que victimes nous ne sommes pas « fautives ». Jamais de la vie !

On imagine seulement qu’il se pourrait que nous ayons une part de responsabilité dans ce rôle de victime, et plus précisément dans la relation que nous entretenons avec notre persécuteur.

Comme si les deux avaient besoin l’un de l’autre pour exister.

On est deux dans une relation, et si l’autre est coupable de méfaits à notre égard, tant qu’il nous reste un souffle de vie ou une once d’énergie, il nous reste la responsabilité de tout faire pour nous en sortir.

Comment s’en sortir ?

Pour commencer, il faut savoir qu’il est pratiquement impossible de s’en sortir seul(e)

Que faire ?

  1. Il faut en parler (même si c’est difficile !)
    Vous pouvez appeler au secours, en parlant de votre situation à
    quelqu’un en qui vous avez confiance.

  2. Vous pouvez vous faire aider par un spécialiste (psy ou coach) qui vous prendra par la main, et progressivement, vous aidera à prendre conscience des interactions qui peuvent entretenir la relation perverse.
    Par la suite, en partant du présupposé qu’il n’y a pas d’effets sans causes et qu’il faut bien une allumette ou une « friction » pour allumer un feu, ce guide, que vous aurez choisi, vous aidera à débusquer peut être les raisons qui ont engendré cette situation infernale.

Il est fondamental de réaliser qu’à moins d’un miracle, on ne peut pas se sortir d’une relation « persécuteur-victime » sans être accompagné et guidé, que ce soit par une spécialiste en face à face ou dans un groupe de victimes.

Cette relation est une relation « malsaine », une forme de co-dépendance addictive où chacun joue son rôle et où chacun est attaché à l’autre sans lequel il n’a plus de raison d’exister.
Et, en général, si la victime cesse de jour le jeu, l’autre s’écroule.

On a besoin de quelqu’un parce que le chemin de la libération d’une telle relation est un chemin escarpé. On a souvent envie de revenir en arrière :

Très souvent, dans le cas d’une relation de couple, on est « attaché » à notre bourreau, on pense même que ça pourrait s’arrêter un jour et même, on imagine pouvoir l’en sortir, avec un peu de patience.

Alors, on reste, dans l’espoir que tout va s’arranger.

Pourquoi ça m’arrive à moi ?

Les raisons qui font que nous acceptons de subir la situation sont nombreuses et variées, elles dépendent de notre histoire personnelle.

On a peut être eu un parent qui lui ressemblait et qu’on n’a pas pu sauver, on a peut-être, cachée au fond de nos souvenirs occultés, une vieille faute à expier (on se punit comme on peut !) on est peut-être une « victime »  depuis longtemps, parce qu’on nous a inculqué la croyance que nous ne sommes pas « grand chose » et qu’il vaut mieux s’écraser que de se défendre … Ou alors, on reste parce qu’on a peur des représailles…

Létang de jade

Quelles que soient les raisons, il n’y a que dans l’échange et dans le questionnement d’un tiers qu’on a des chances de trouver la solution et d’en finir avec cette souffrance.

Pour- Quoi ? A la découverte de «l’intention cachée»

Au delà des causes, il y a la question de l’intention cachée.
La question du « Pour-quoi ? » nous vivons ce que nous vivons.
Non plus en terme de causes mais en termes de finalité : quel est le but « inconscient » que nous poursuivons ?

Et si l’autre, le persécuteur, était juste une projection de notre « ombre », cette part de nous que nous ne voulons (ou ne pouvons) pas voir.

Ce combat que nous refusons de mener, cette colère qui ne veut pas s’exprimer, ces conflits que nous évitons soigneusement, cette peur panique de ne pas être aimé ou même de mourir, sont tout autant d’énergies négatives qui couvent tout au fond de nous depuis toujours.
Ces forces obscures nous affaiblissent et nous exposent à ceux qui porteraient, en eux, la nécessité de rencontrer leur propre ombre, à savoir, rencontrer ce qui leur fait le plus peur : la fragilité, les émotions, la sensibilité, la douceur ou que sais je encore ?!

Parfois, « l’autre », l’adversaire, n’est que le miroir, « jumeau » de ce que nous sommes et nous nous affrontons en combat singulier dans des luttes épuisantes où aucun des deux ne veut s’avouer vaincu.

Jusqu’au jour où il faudra lâcher-prise au risque d’en mourir.

Alors, oui, si vous voulez vous en sortir, il est indispensable de reprendre un début de pouvoir sur votre vie en vous posant ces deux questions :

Coucher de soleil Mignots
  1. Au présent : en quoi suis je responsable de ce qui m’arrive ? (ne serait-ce que comme une hypothèse à vérifier) en cherchant le pourquoi ( les causes ) et le pour-quoi  ( la finalité).
  2. Pour le futur : A quoi ça peut me servir en terme d’évolution personnelle ? autrement dit : qu’est ce que j’ai besoin de comprendre pour changer une bonne fois pour toute, et « me» choisir, enfin, la vie que je mérite de vivre ?

Pouvoir répondre à ces questions, serait déjà la promesse d’une libération, une issue de secours, peut-être même la clé pour ouvrir, enfin, cette porte que l’on n’avait pas vue, là bas, tout au fond de l’impasse.

Dans les situations où je ne suis pas maître du « jeu », où je n’ai aucun pouvoir, que ce soit sur l’autre, ou sur une maladie, mon seul pouvoir est de savoir « lâcher-prise » dans la situation, en arrêtant de jouer ce jeu relationnel infernal et ensuite d’agir activement, pour reprendre la maîtrise du « je ».

Notre seule faute, (là nous serions vraiment coupable !) serait de laisser-faire et de renoncer à notre véritable puissance : celle de savoir nous faire respecter parce que nous aurions retrouvé le sens de notre dignité.

En conclusion

Quelle que soit la situation, aucune victime n’est coupable ! Ce genre d’ambiguïté ne devrait plus exister dans nos esprits. J’aimerais parfois que les juges des tribunaux l’entendent et le comprennent. Car ils ne sont là que pour sanctionner les actes d’un humain qui en a violenté un autre. Ils sont là pour poser un jugement et appliquer une peine. C’est tout ce qu’on leur demande.

Mais tous les procès du monde qui pourraient avoir reconnu la culpabilité de votre agresseur, ne vous délivreront jamais de vos propres démons intérieurs.

Notre responsabilité réside, entre autres, dans le fait de tout faire pour sortir « du rôle de victime ». Le chemin de la psychothérapie nous amènera inéluctablement à nous mettre en question dans le rôle que nous jouons dans la relation que nous avons, un jour, accepté de vivre (ne serait ce que par instinct de survie !).

La prise de conscience de notre part de responsabilité est le prix à payer pour nous délivrer du mal et nous permettre de poser des actes libérateurs.

C’est ce que j’ai fait pour moi, c’est ce que je vous souhaite de mieux.

Claude Berthoumieux.

Clo à l'étangPsychothérapeute depuis 35 ans. Victimologue, spécialisée dans la prévention du stress post traumatique.
Habilitée Intervenante pour les RPS en entreprise, et l’accompagnement des victimes d‘agressions en milieu professionnel.

Auteur de « Vivre après une agression » Ed° du Souffle d’or 2005

Ex-victime : d’abus sexuels dans son enfance, un violée à 22 ans. Victime d’une attaque à l’arme blanche dans la rue aux USA, et d’un harcèlement sexuel pendant 5 ans, un hold-up à main armée et quelques autres mésaventures.

.

Aujourd’hui, tout va bien, merci !

 Retrouvez Claude Berthoumieux sur son site:  http://www.equilibre-sante-plus.com

      

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La reproduction intégrale de mon écrit est autorisée. Cependant, mon nom complet ainsi que le lien actif de la page du site internet https://soutien-psy-en-ligne.fr ou/et https://pervers-narcissiques.fr est obligatoire. Vous remerciant de votre compréhension ainsi que de l’intérêt porté à mon travail.

Geneviève Schmit.
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16 commentaires :

  1. Je me reconnais tellement dans ces témoignages,j’ai été fabriquée par une mère PN,dressée à sa façon,elle m’a utilisée pour faire ses coups tordus depuis l’âge de 6ou7ans,(j’en ai 56 et je me suis réveillée il y a environ 2ans),et depuis j’ai voulu lui rentrer dedans,lui jeter à la figure tout le mal qu’elle m’avait fait,mais c’était sans compter sur la suite qu’elle a alors donné à mes reproches,elle a fait le vide autour de moi en racontant toutes sortes de mensonges avec l’aide de mon frère qu’elle a réussi à enrôler.La famille,les amis de longue date,tout le monde y est passé,je suis une fille indigne qui abandonne sa mère âgée,tout le monde la croit et c’est ce qui m’est le plus dur à supporter.Je passe mon temps à ruminer et à m’interroger,qu’est ce que j’ai bien pu faire pour mériter ça,toute ma vie est impactée par ce conditionnement perpétuel que j’ai subi pendant tant d’années,je m’interroge tous les jours sur le sens de mes actes.

  2. Merci beaucoup pour votre réponse.

  3. Bonjour, j’ai lu cet article avec attention. Il y a une part de moi qui adhère à ce qu’il porte, et une autre part qui se questionne.
    Je ne comprends pas le passage sur notre part d’ombre retrouvée chez l’autre. Que projetons-nous sur le pn, notre peur de ne pas être aimé, notre peur de mourir ? Je ne comprends pas. Qu’attendons-nous de lui, qu’il nous rassure ou est-ce à lui qu’on attribue nos peurs, ou est-ce qu’il nous donne raison d’avoir peur, c’est confus pour moi.
    Ces peurs seraient nos forces obscures. Nous rendant fragiles, elles nous amèneraient à rencontrer le pn qui, lui, a peur des émotions ? J’essaie de simplifier parce que je l’avoue, je ne comprends rien du tout.
    Quelque chose m’ennuie avec cette question de responsabilité. Lorsque l’on est enfant d’un parent pn, comment peut-on avoir conscience que ce parent, qui est notre seul repère, est pn, que la perversion n’est pas la normalité ? Comment peut-on être complice du mal que le parent nous fait alors que nous sommes en construction, la vérité est dans ce que dit et fait le parent, comment peut-on se dire « il a tort » et « je ne dois pas le laisser me traiter ainsi » quand on a 6 ou 7 ans ? Et si l’on se construit ainsi, que, devenu adulte, on rencontre un pn, puisque c’est un peu ce que l’on connait le mieux, comment se dire que l’on est « complice » ? Oui, quand on est victime depuis longtemps, comment même savoir qu’on l’est ? Un jour arrive où il y a une prise de conscience. Ne peut-on parler de responsabilité qu’à partir de ce moment là, à partir du moment où on a compris ce qu’est un pn, que l’on a compris que l’on est une victime ? Parce que, lisant que responsabilité renvoyait à « apporter une réponse à une situation » , encore faut-il comprendre la situation et comprendre que cette situation est sujette à questionnements, non ? C’est une question que je n’arrive pas à cerner je crois.

    • Bonjour Nao ki
      Je vais reprendre des passages de votre post pour vous répondre point par point !

      Q°: Je ne comprends pas le passage sur notre part d’ombre retrouvée chez l’autre. Que projetons-nous sur le pn, notre peur de ne pas être aimé, notre peur de mourir ?
      – Oui, entre autres , mais également, la force , la puissance , l’aisance qui nous fascine parfois et nous invite à nous poser la question pour nous-même : où en suis je de la conscience de ma valeur ( le PN ne doute de rien !) , suis-je dans ma puissance personnelle ? Si je laisse le PN prendre le pouvoir sur moi , c’est que je dois peut être « apprendre » à me positionner plus fermement.
      Le PN manque de confiance au fond , mais il montre autre chose.
      La vrai question étant : qu’est ce qui me fascine chez lui et que je crois ne pas avoir en moi ?

      Q°: Qu’attendons-nous de lui, qu’il nous rassure ou est-ce à lui qu’on attribue nos peurs, ou est-ce qu’il nous donne raison d’avoir peur ?
      – Les deux , il renforce notre croyance que nous sommes incapable de nous défendre , ou que nous n’aurons jamais assez de force pour l’affronter.

      Q°: Lorsque l’on est enfant d’un parent pn, comment peut-on avoir conscience que ce parent, qui est notre seul repère, est pn, que la perversion n’est pas la normalité ?
      – On ne peut pas le savoir , mais on peut le sentir

      Q°: Comment peut-on être complice du mal que le parent nous fait alors que nous sommes en construction ?
      – Non, on n’est pas « complice », on a peur tout simplement ce qui fait de l’enfant une « vraie » victime .
      le défi sera alors, de ne pas le rester en grandissant.

      Q°: La vérité est dans ce que dit et fait le parent, comment peut-on se dire « il a tort » et « je ne dois pas le laisser me traiter ainsi » quand on a 6 ou 7 ans ?
      – C’est difficile , je vous l’accorde . L’enfant seul ne peut pas en avoir complètement conscience ! D’où la nécessité pour l’autre parent ( la victime du PN) ou l’entourage, de ne pas jouer le même jeu , en invitant l’enfant à réfléchir, à se poser des questions, en lui posant des questions: « Tu dis que ton père ( ou ta mère ) a dit ou fait ça, qu’est ce que tu en penses, toi? Qu’est ce que tu voudrais ? » Pour l’amener à se fier davantage à son instinct ou intuition et à prendre du recul par rapports aux croyances ou aux manipulations de son parent PN .

      Q°: Et si l’on se construit ainsi, que, devenu adulte, on rencontre un pn, puisque c’est un peu ce que l’on connait le mieux, comment se dire que l’on est « complice » ?
      – Vous n’êtes pas « complice » de ses actes, du point de vue de « l’intention » consciente, vous le laissez juste prendre le pouvoir sur vous parce que vous ne voulez pas lui ressembler.
      J’entends souvent les femmes de PN me dire « Je ne suis pas violente, je n’aime pas les conflits, je serai incapable d’être aussi monstrueuse que lui « … Je comprend cette peur , mais il faut savoir que la Force n’est pas violence, et, souvenez-vous que chez l’autre, son pouvoir n’est qu’une apparence et un aveu d’impuissance .

      Q°: quand on est victime depuis longtemps, comment même savoir qu’on l’est ?
      – Vous avez raison , on l’ignore souvent longtemps , mais on se comporte comme telle, c’est un jeu transactionnel appelé « Pauvre de moi » qui vise à manipuler entourage pour obtenir de l’amour , ou de la compassion . Et c’est, peut-être dans cet aspect de la manipulation qu’il y a aussi un miroir.

      Q°: Un jour arrive où il y a une prise de conscience. Ne peut-on parler de responsabilité qu’à partir de ce moment là, à partir du moment où on a compris ce qu’est un pn, que l’on a compris que l’on est une victime ? Parce que, lisant que responsabilité renvoyait à « apporter une réponse à une situation » , encore faut-il comprendre la situation et comprendre que cette situation est sujette à questionnements, non ?
      – Toute seule on ne peut pas le voir, d’où l’intérêt d’aller consulter un spécialiste pour nous aider à y voir plus clair ! Mais même face au psy, on a parfois du mal à l’entendre,, il faudrait pouvoir faire le deuil de nos croyances limitantes avec lesquelles on vit depuis parfois très longtemps. Accepter que tout change mais, comme vous le savez, le changement fait peur : je sais ce que j’ai mais je ne sais pas ce que je pourrais avoir.
      En réalité , le changement se produit quand :
      1- vous en avez assez de la situation et que trop, c’est trop !
      2- vous avez pris des forces ( autonomie, conscience de vos valeurs etc…)
      3- Vous avez la nouvelle croyance ( porteuse !) que vous allez vous en sortir , parce que vous savez que vous saurez tenir debout toute seule.
      4- que c’’est ce qu’il y a de mieux pour les enfants qui souffrent de voir un de ses parents souffrir en permanence à cause de « l’autre ».

      Je ne dis pas que ce chemin est facile. J’ai moi même mis 5 ans à me débarrasser d’une personne qui me harcelait! Et, Il faut parfois toute une vie pour s’en apercevoir, ou du temps entre le moment ou on choisit de partir et le départ. J’ai connu une femme qui a divorcé à 83 ans parce qu’elle s’est aperçu qu’elle n’avais plus du tout envie de vivre une seconde de plus cette situation infernale.
      J’espère juste que vous partirez avant, si vous vivez ce genre de relation !
      Parfois , on a aussi du mal à se pardonner de s’être laissé faire ( dévalorisation de soi ).
      La seule solution, quand la situation est infernale, est de tout quitter est de ne pas se retourner vers ce qui brûle sous peine d’être transformée en statut de sel !
      Quoiqu’il en soit , merci pour votre commentaire passionnant, il m’a incité à préciser ma pensée.
      Bon courage !

      Claude Berthoumieux. www-d-stress-psy.com

  4. C’est moi, Geneviève qui vous remercie vivement . Vous ne pouvez imaginer combien un simple message affectueux comme le vôtre puisse contribuer à ma reconstruction !
    Je voudrais dire à toutes et à tous qui vivez avec PN : COURAGE!FUYEZ! Tout est possible, rien n’est facile! Mais devant , il y a la vie , la vraie ! Celle pour laquelle nous avons été créés !
    Je l’ai quitté , je pesais 34kg ; je me suis cachée chez une collègue pendant des mois (J’habite l’île de la Réunion; c’est petit , on peut se croiser à tous les coins de rue). J’ai ensuite loué un petit appart avec un lit , un frigo , un lave-linge . J’ai eu du mal à dépasser les 37kg pendant plusieurs années. Inutile de vous dire que les maladies ,j’en ai connues ! Aujourd’hui, je vis dans un petit duplex , j’ai l’essentiel (lui, a gardé la belle maison), je fais 43kg et j’en suis fière!
    A Claude BERTHOUMIEUX , je voudrais dire que j’ai été traînée dans la boue au tribunal (je ne comprenais pas qu’on parlait de moi , ce jour-là). J’ai été présentée comme la coupable puisque j’avais quitté un foyer heureux! Je n’ai pas su ou pu me défendre. Aujourd’hui j’affirme que non , je n’ai jamais été coupable . Responsable, oui, c’est plus facile de rester que de partir , mais pas coupable!
    Merci à vous pour ce site !
    Je vous envoie du soleil de mon île!

  5. Merci à Geneviève pour son article « reconnaître un PN ».
    Cela m’a permis de mettre des mots sur ce que j’ai vécu pendant 29ans .
    Tout est vrai: l’obsession , la transe , la perte d’individualité , l’amour irrationnel, la peur(immense), la culpabilité , la honte , l’isolement , les menaces , les diatribes et violences verbales qui vous font douter de votre bon sens , les sacrifices moraux , les pensées mortifères , la dépression , la démarche suicidaire . Tout !
    Et pourtant , je suis une personne belle , intelligente , brillante et avisée!
    Le seul avantage que j’ai eu , c’est mon travail d’enseignante qui m’a permis de ne pas être dépendante de lui ( il avait réussi à gérer tout mon compte pendant des années!)
    Qu’est-ce qui m’a aidée ? Un cheminement personnel sur la connaissance de soi lors d’un parcours de formation peut-être , qui m’a permis d’atteindre une certaine congruence dans ma vie ? L’échange avec un curé?
    En tout cas , j’ai repris ma vie en main depuis 6ans .
    Les dommages collatéraux ont été immenses! Mais , je réussis à repousser mes crises d’angoisse !
    Je me reconstruis avec l’aide de personnes qui ont vraiment de l’estime pour moi. L’amour de mes 2 enfants me soutient aussi.
    J’ai du mal à croire en une relation saine avec un homme néanmoins .
    Mais , j’avance ! Et , la vie est belle!

    • Merci Catherine pour ce témoignage plein de vie et d’espoir !!
      J’espère que de nombreuses personnes le liront !

      Affectueusement, Geneviève Schmit

    • Catherine,
      le passage au Tribunal est, de fait, un enfer pour les victimes , on parle même de « sur-victimisation ».
      Que vous n’ayez pas pu vous défendre, c’est normal, c’est bien pour ça qu’il faut être accompagné(e) dans ce genre de situation.
      Et oui vous avez agit de façon responsable en ayant le courage d’affronter votre PN devant la justice.
      Sincèrement, Je veux vous dire toute mon admiration de l’avoir fait . Vous pouvez en être fière.
      Et vous devez bien vous rendre compte que chaque fois qu’une victime a la force d’aller jusque là, comme vous l’avez fait , vous faites avancer la cause de l’ensemble des femmes ou hommes qui vivent ce calvaire. Merci pour vous , merci pour eux !
      Claude Berthoumieux . http://www.d-stress-psy.com

  6. Je pense que l’on peut être victime de soi-même : lorsque notre nature d’hyper-empathique ou notre côté maternel est repéré chez l’autre, il s’y engouffre et profite en quelque sorte de cela. J’ai bien compris que ces qualités (à double tranchant) se sont au final retournées contre moi. J’y travaille. J’apprends à me respecter un peu plus.

    J’ai revu une personne malsaine récemment, une PN. J’ai eu beau en avertir une tierce personne, celle-ci était apparemment « complice » et la traitait toujours comme une princesse. J’ai à nouveau été mal pendant des semaines, même si cette fois je ne me suis pas retrouvée en huis clos avec cette « amie ». Elle a essayé de me nuire avec des mensonges. J’ai compris qu’elle m’avait côtoyé par intérêt (le pn est une concierge – elle voulait savoir ce qui s’était passé entre une personne ayant une certaine notoriété et moi).

    Elle m’avait de façon voilée menacer de ne plus aller dans les lieux qu’elle fréquentait. La foudre nous menace mais nous touche rarement. Je n’ai pas pris cela au sérieux. Et je ne me prive pas de sortir sous prétexte que la Déesse Perverse s’y trouve. Le Diable revient toujours à la charge. Mais j’ai une grande capacité de résistance.

    Je me demande si la tierce personne présente ce jour là (à vrai dire il y en avait aussi une troisième mais elle n’a pas pris sa défense) n’aurait pas aussi un fonctionnement s’apparentant à celui du PN (cela dit je ne peux qu’émettre des réserves puisqu’il s’agit d’une simple connaissance) : une faculté désarmante à séduire, souffler le chaud et le froid, lancer des sous-entendus blessants fait partie de sa personnalité.

    Voilà, j’avais besoin d’écrire un peu ici mes maux, quelque peu atténués désormais mais toujours tapis quelque part en moi.

    Affectueusement.

  7. Notre part de responsabilité, oui ….
    Engluée par une mère PN et ensuite par un conjoint tout aussi PN, je ne comprenais pas ma part de responsabilité…
    Jusqu’au jour où ma psychiatre a d’abord déclenché en moi rage incommensurable mais aussi SALVATRICE (après réflexion!) en me parlant de ma « complicité » dans ces relations toxiques….

    Ce mot « complicité« , bien plus lourd encore à digérer que « responsabilité« , m’a sauvée.

    • Bonjour,

      Un grand merci pour ce partage !!

      Pourriez nous nous en dire plus sur le choc que cette révélation a eu sur vous et ensuite sur la libération que cela a induit ?

      C’est pas des témoignages comme le vôtre que les victimes vont pouvoir intégrer cette difficile réalité indispensable pour quitter cet état morbide.

      Affectueusement, Geneviève Schmit

    • Nath,
      Vous avez une psy, courageuse et elle a eu raison de vous pousser dans vos retranchements.
      le mot « complicité » est fort . Mais je suppose que c’était le moment , pour vous de pouvoir l’entendre . Ce qui n’est pas toujours le cas . Le fruit n’est bon que lorsqu’on le cueille au bon moment !
      Amicalement
      Claude Berthoumieux
      http://www.d-stress-psy.com

  8. Il est bon de voir écrit ce long trajet que j’ai réalisé pour arriver à « être » après « avoir été » responsable de ma situation autant que mon mari pervers narcissique, mais pas coupable. Je dis parfois que nous nous sommes encastrés l’un dans l’autre. J’avais besoin qu’on m’aide à me détruire pour mourir et lui avait besoin de me détruire pour vivre. Ma cage dorée était confortable, ça aide aussi à ne pas prendre conscience, et pourtant la porte était ouverte ! Depuis, j’ai choisi la vie et me suis donc séparée de mon mari. Non sans mal, j’ai remonté l’ombre à la lumière et je reprends jour après jour ma vie en main. Merci pour cet article si juste, j’irai explorer votre site. Merci également à Geneviève pour ses articles où je puise depuis un bon moment déjà de précieuses informations.
    Bonne continuation à vous !

  9. bonjour
    ce sujet est tres complexe
    difficile de s en sortir
    fsb

    • oui … et il mérite réflexion …
      Bon courage! Geneviève Schmit

    • Courage Blondel !

      Je vous suggère de commencer à penser que « vous allez vous en sortir !  » ; Votre cerveau est formaté pour aller dans le sens que vous lui indiquez. Si vous lui sites que c’est difficile ( même si ça l’est de fait ! ) il n’a pas du tout envie d’aller dans le sens de la « difficulté » suggérée dans votre phrase. Essayez de changer : « difficile » en « possible » et ça va enclencher un processus en vous pour aller vers la sortie. Il est possible de s’en sortir , puisque d’autres y arrivent . Pourquoi pas vous ? !

      Bien amicalement
      Claude Berthoumieux
      http://www.d-stress-psy.com

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