Le piège de la victimisation

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Réflexions de Gérard-Yves CATHELIN, 
psychanalyste et professeur en victimologie.

« Victimisation : Opération argumentée consciente, ou non, consistant à se présenter ou à être présentée par un tiers comme victime afin de bénéficier des droits, de reconnaissance, de bénéfices réels ou symboliques »
Gérard-Yves Cathelin

Définition de la position de victime de Roland Coutanceau, Carole Damiani , Mathieu Lacambre dans le livre Victimes et auteurs de violence sexuelle (Dunod 2016 )

« Le fait d’ être victime est induite par une personne : le bourreau qui porte atteinte à cette dernière sur le plan psychologique ou physique et menace mentalement la personne  dite victime , ce sujet n’ayant pas les moyens de se protéger., voire s’opposer et à défaut de faire état de ce qui la met en danger ou de ce qu’elle a subi . »

Remontons dans l'histoire...

La première victime reconnue universellement fut Jésus Christ, il a été reconnu comme victime.
Ainsi identifié, les exégèses ont mis en avant sa pureté, son innocence.
L’église s’est emparée de cette notion pour créer un dogme autour de la réparation, de la justice (croisade) et victimiser à son tour les  » bourreaux » romains.

D’où cette corrélation évidente entre le bourreau et la victime.

C’est ainsi montrer comme minorité sa place dans notre  société et la revendiquer.

Recherche d'émancipation

La permanence de la position victimaire offre la possibilité au sujet victime de créer un projet social, psychologique, reconnu par le monde environnemental.

Cette position de victimisation est en quelques sortes une osmose, symbiose de vie passionnelle, nourriture de haine envers la communauté qui ne reconnaît pas la victime.

Ce monde vécu dans le souvenir haineux est une recherche d’émancipation, d’existence, de reconnaissance du monde dans son ensemble.

Le sujet dit « victime  » souhaite modifier le regard, l’analyse sur la  notion d’être victime.

Permanence de la position victimaire et besoins

Ce monde, vécu dans le souvenir haineux est une recherche d’émancipation, d’existence, de reconnaissance du monde dans son ensemble.

Le sujet dit « victime  » souhaite modifier le regard, l’analyse sur la  notion d’être victime.

Cela va induire, construire par la communauté sociale la position des personnes victimes et leur reconnaissance dans l’humanité.

Les victimes utilisent alors les notions de honte et culpabilité car exclues du monde normal, elles se positionnent pour demander réparation de la part des bourreaux.

Les « victimes  » ont un besoin absolu des bourreaux pour montrer leur mal-être au monde.
De ce fait, la victime quitte sa place pour devenir bourreau et inverser les positions, grâce à son arme : LA PLAINTE.

La plainte

LA PLAINTE permet d’accéder à une idéalité dans le monde, remède au mal de vivre, elle garantie une position élevée dans la communauté humaine  » Je suis victime « , phrase éminemment porte drapeau psychologique essentiel au sujet.

Ainsi la victime désigne le coupable bourreau  pour condamner l’autre, obtenir réparation avec une demande d’excuse, d’exclusion du maltraitant pour effacer symboliquement les traces du passé, mais surtout de dire: « Donnez-moi une place !! »

D’où cette réflexion…

Position psychologique de la victime

La victime ne veut-elle pas attirer l’attention, la plainte « son épée » stratégique pour développer l’empathie autour et la soutenir dans ses  » souffrances « 

La victime ainsi montre que les problèmes ne viennent pas d’elle, mais sont initiés par des potentiels bourreaux, elle évite ainsi de faire face à ses propres contradictions, conflits internes.
De surcroît, elle change la vraie réalité pour se créer une pseudo réalité dans laquelle elle va se conforter dans son rôle de victime.

La victime va vouloir démontrer qu’elle se trouve dans une recherche de changement alors qu’elle n’entreprend rien, sinon elle quitterait sa position de confort.

Ce positionnement psychologique pose la question sur la victime: N’a t’elle pas une faible estime de soi connotée par une insécurité , un manque de confiance en soi.

Elles échappent alors à la culpabilité et à leurs échecs dans leurs parcours de vie .
La notion d’impuissance est alors à conjuguer.

Notion d'impuissance de la victime

Impuissance  de l’affect,
Impuissance de leurs agissements,
Impuissance dans la notion d’agir dans sa vie.

La position victimaire est à entendre  comme donner du sens à sa vie.

Les traumatismes

Néanmoins, le traumatisme est quelque chose qui advient, c’est un élément qui arrive au sujet victime par l’effet produit sur elle ( viol, maltraitance, …)
La personne est alors tétanisée dans ses processus psychologique, bloquées, dans l’incapacité de répondre.
Il y a alors bouleversement, transformation du psychisme, désorganisation par rapport au monde environnemental.

Cette trace traumatique va durer au-delà de l’événement sur un dispositif où le sujet d’avant l’acte va se construire sur une autre organisation: La position de victime

Se mobiliser pour sortir du schéma

Dans cette position, la victime mobilise ses énergies internes pour se venger d’une manière parfois excessive du monde qu’elle ne reconnaît plus et qui ne la reconnaît plus.

Si la victime n’élabore pas, ni ne liquide ses traumas. Elle reste coincée dans un fonctionnement infini de vengeance, si son questionnement reste fixé à: « Je ne sais pas quoi faire« , elle va continuer à nourrir sa position de victimisation sans pour cela guérir.

Développons un peu plus la notion de "plainte"...

Sur l’axe « Bourreau-Victime  » le dialogue, l’inter relationnel, la communication se construisent autour de LA PLAINTE que ce soit autour du côté « bourreau  » que du côté « Victime « .
La plainte  devient alors une co-construction psychologique du couple, elle masque le vide intérieur, la difficulté d’être, un narcissisme fragilisé, voir inexistant, une mauvaise estime de soi, peut être aussi des carences affectives reliées à un parcours abandonnique carencé.

Le Bourreau et la Victime élaborent des stratégies autour de LA PLAINTE afin de ne pas pouvoir élaborer les souffrances intérieures.

Mieux vaut pour ce couple se plaindre plutôt que de savoir le mal-être existentiel relié à une enfance traumatique.

Ces traces, ces effractions psychiques, béances intellectuelles et cognitives, sont  comblées par LA PLAINTE.

Elle ne permet aucune perlaboration, le registre Réel, Symbolique, Imaginaire ( cher à Lacan) est envahi par cette notion de PLAINTE. Elle occupe tout l’espace relationnel, tisse sa toile entre les 2 postions bourreau-victime, n’oublions pas que ces pôles sont constamment interchangeables.

Il n’y a pas qu’une structure rigide linéaire, mais un déplacement constant de nos éléments psychologiques.

L’on va me rétorquer que pour les personnes soumises à dés traumatismes réels comme le viol, l’inceste, la violence physique et psychologique, la plainte est l’élément nécessaire pour émettre une parole victimaire face à tant de cruauté.

Conclusion

Victimisation - Cathelin - La Ferté sous Jouarre
Gérard-Yves CATHELIN - La Ferté sous Jouarre

Là oui je comprends que « LA PLAINTE » soit nécessaire pour un laps de temps assez court, mais, lorsqu’elle est nourrie pendant des mois, parfois des années, elle devient étrangement pathologique. Elle permet de ne pas se distancier vis à vis des faits, d’entreprendre une réflexion sur soi afin d’aller vers une possible guérison.

Pourquoi ne veut on pas « guérir« ? Si la personne quitte ces positions victimaires, alors elle abandonne « son confort » construit autour de ces diffraction psychiques.

Elle n’existerait plus, son sens de la vie humaine annulée par absence de PLAINTE, la laisserait dans un vide abyssal d’être vivant sur cette terre face à son entourage.

Gérard Yves Cathelin – 13 Octobre 2022

J'en suis arrivé à l'âge respectable ou la transmission trouve tout son sens, et cela même si depuis de bien nombreuses années, je suis enseignant universitaire. Les quelques années qui me reste dans cette vie bien remplie sont pleinement dédiées à cela ainsi qu'à la poursuite de l'écriture de mes conclusions et de la publication de poèmes déjà bien nombreux.
Gérard-Yves CATHELIN
Jean-Yves CATHELIN
Psychanalyste - Addictologue
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