Addiction et dépendance affective

Critères de l’addiction et de la dépendance affective chez la victime de manipulateur pervers narcissique

Dépendance de la victime d’un manipulateur à une illusion, un fantasme…

Ces critères ont été élaborés par Goodman dans les années 1990 pour théoriser les pratiques sexuelles addictives. Ils sont applicables à toutes les addictions comportementales ou non et donc à la dépendance affective que l’on retrouve chez les victimes de manipulateurs pervers narcissiques.

L’addiction, définie par Goodman dans le tableau présenté ci-dessous est intégrée dans le « DSM-IV » (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux). Il présente un ensemble de conditions favorables selon lesquelles un comportement susceptible de donner du plaisir et de soulager des affects pénibles est utilisé d’une manière qui donne lieu à deux symptômes clés :

  1. Échec répété de contrôler ce comportement

  2. Poursuite de ce comportement malgré ses conséquences négatives.

Critères de l’addiction selon GOODMAN

 

  1. Impossibilité de résister aux impulsions à réaliser ce type de comportement.
  2. Sensation croissante de tension précédent immédiatement le début du comportement.
  3. Plaisir ou soulagement pendant sa durée.
  4. Sensation de perte de contrôle pendant le comportement.
  5. Présence d’au moins cinq des neufs critères suivants:
    1. Préoccupation fréquente au sujet du comportement ou de sa préparation.
    2. Intensité et durée des épisodes plus importantes que souhaitées à l’origine.
    3. Tentatives répétées pour réduire, contrôler ou abandonner le comportement.
    4. Temps important consacré à préparer les épisodes, à les entreprendre ou à s’en remettre.
    5. Survenue fréquente des épisodes lorsque le sujet doit accomplir des obligations professionnelles, scolaires ou universitaires, familiales ou sociales.
    6. Activité sociales, professionnelles ou récréatives majeures sacrifiées du fait du comportement.
    7. Perpétuation du comportement, bien que le sujet sache qu’il cause ou aggrave un problème persistant ou récurrent.
    8. Tolérance marquée: besoin d’augmenter l’intensité ou la fréquence pour obtenir l’effet désiré, ou diminution de l’effet procuré par un comportement de même intensité.
    9. Agitation ou irritabilité en cas d’impossibilité de s’adonner au comportement.

Le terme d’addiction, vieux terme juridique français signifiant « contrainte par corps » est utilisé par les auteurs anglo-saxons à partir des années 1950 pour caractériser les dépendances.

L’addiction, envisagée en termes de psychologie du comportement, est liée à un conditionnement opérant : les sentiments d’incompétence ou de manque poussent à la recherche de gratifications à court terme et prévisibles par l’élément ou comportement addictif.

Ces deux sentiments, « incompétence » ou manque de confiance en soi, peur de l’échec, et « manque« , peur de l’abandon sont les failles principales d’une personne qui pourra sombrer dans l’emprise d’un(e) manipulateur(trice) pervers(e).

L’exaltation dégagée par la rencontre avec celui qui saura revêtir à la perfection le masque de l’attente qu’à la victime, projette celle-ci dans un tourbillon d’extases poussées à l’extrême.
La victime vit alors ce qu’elle prend pour « coup de foudre » et se trouve perforée de part en part, et se laisse tomber à genoux, sans plus la moindre capacité de réaction.
Le plaisir ressenti est tel, la sensation de communion, voire de « reconnexion » mystique avec l’autre partie de soi-même est tellement puissante, que la victime est terrassée et ne peut plus envisager de se dégager du lien perverti qui peut se consolider alors.
A ce stade-là, victime et bourreau entent dans une danse frénétique et macabre, où l’enivrement des sens projette le couple dans une réalité parallèle qui leur est propre.

L’addiction se décompose en:

  • compulsions à s’engager dans le comportement toxique (emprise perverse),
  • maintien du comportement malgré ses conséquences négatives (je souffre mais je vais pouvoir le changer),
  • obsession du sujet ou du comportement addictif (il prend toute la place dans ma vie, pensées constantes),
  • culpabilité au décours de l’action (décours = stade d’affaiblissement d’une maladie ), je suis humilié(e),
  • enfin symptômes de sevrage en cas d’interruption brutale volontaire ou non (effet de manque, je retourne vers le manipulateur pervers).

Le terme d’ «addiction» est considéré comme préférable à celui de «dépendance».
Plus général que celui de dépendance, le concept d’addiction permet d’inclure les addictions comportementales telles que la dépendance affective menant à l’emprise perverse.

Selon Goodman, l’addiction se situerait entre impulsion et compulsion. (Le ventre et la bouche)

Si l’impulsion implique la recherche d’un plaisir ou d’une gratification (récompense) immédiate, la compulsion implique le soulagement des tensions (stress) et la réduction des affects douloureux.

Dépendance affective - Geneviève SCHMIT - Coaching thérapeutique pour les victimes de manipulateurs pervers narcissiques ©

Étiopathogénie de l’addiction :

« Étiopathologie » : Étude des causes d’une maladie et des processus par lesquels ces causes agissent. (Larousse)

Pour ce qui concerne le cas des victimes de manipulateurs pervers narcissiques, je pense que les origines peuvent être une peur de l’abandon et de la solitude profondément ancrée et associée à un manque d’estime et de confiance en soi.

La « victime idéale« , qu’elle soit homme ou femme, sera celle qui, par sa présence, son comportement et ses qualités comblera les « besoins » du manipulateur pervers narcissique et viendra renforcer son image grandiose de lui-même ou d’elle-même !

Modèle bio psycho social:

Biologique: facteurs génétiques, aspects neurobiologique

Système de récompense
Sécrétion de dopamine: plaisir lors de la consommation
Perturbation modulation des systèmes de neuromédiateurs

Social: rôle environnement, pairs, famille
Psychologique: vulnérabilité du sujet

La construction en 5 étapes du noyau addictif :

  1. Un traumatisme désorganisateur
    1. Précoce dans la première enfance
    2. Plus tardif : carences, séparations familiales, milieux traumatiques
  2. Des assises identitaires fragiles
    1. Construction de la personnalité selon deux axes:
      1. Axe narcissique: estime de soi
      2. Capacités d’autonomie
  3. La tentative de lutter contre l’angoisse par une maîtrise
    1. D’un comportement (boulimie, emprise dans une relation toxique, achat compulsif …)
    2. D’un produit (Cocaïne, nicotine …)
    3. D’un objet partiel (soit un objet de la pulsion qui ne vise qu’une partie de l’autre)
    4. D’un « néo besoin » ou fétichisme
  4. La recherche de sensation et de la quantité
    1. Recherche de stimulation
    2. Ordalie (L’ordalie est un ancien mode de preuve en justice, de nature religieuse, aussi appelé « jugement de Dieu »)
    3. Besoin de nouveautés
  5. Le besoin d’une décharge rapide
    1. Pauvreté des rêves
    2. Restriction de l’imaginaire
    3. Prédominance d’activités physiques: mouvements de postures, de balancements, froisser, jeux de stylos…

Conséquences possibles :

  • Paranoïaque : Méfiance
  • Schizoïde : Détachement social, émotionnel
  • Schizotypique : Déficit social, excentricité
  • Antisociale : Mépris, transgression
  • Borderline : Instabilité, impulsivité
  • Histrionique : Émotion excessive, quête attention
  • Narcissique : Admiration, sans empathie
  • Évitante : Inhibition sociale (Diminution des capacités de la personne à cause de la présence, réelle ou imaginaire, d’un observateur considéré par lui comme capable de juger ses performances)
  • Dépendante : « Collant »
  • Obsessionnelle compulsive : Perfectionnisme, maîtrise

Addiction et dépendance affective

Maladies associées :

  • Des conduites addictives
  • Les troubles anxieux
  • Les dépressions
  • Les décompensations psychotiques (la décompensation psychotique est l’état de « rupture » qui va permettre à tous les troubles pré-existants de se libérer brusquement et parfois violemment, avec notamment un accès de bouffées délirantes pouvant mettre le sujet en danger, ou présenter un danger pour l’extérieur)
  • Les tentatives de suicide
  • Une baisse des défenses immunitaires
  • Apparition de cancer, maladie de Crohn, sclérose en plaque …

Bien heureusement nous ne retrouvons pas toujours des conséquences chez les victimes de manipulateurs pervers mais, le degré d’emprise, et le temps vécu sous cette emprise destructrice en augmentera le risque de ces troubles.

Les grands axes du suivi pour sortir de ce piège mortel:

– Réduire les prises et les consommations. Mise à distance =objectif de santé

L’approche thérapeutique se centre sur la relation à l’objet ou l’autre dans le cas de pervers narcissique, sa maîtrise, les failles narcissiques

– Garder le lien ou le recréer= objectif relationnel

L’approche psychosomatique (prise en compte plus globale de la maladie) se focalise sur les situations déclenchantes, le fonctionnement imaginaire, les rythmes et la temporalité.

– Exprimer ses difficultés de personnalité = objectif d’insight  (capacité pour la personne de percevoir avec perspicacité ses conflits internes)

L’approche biologique: sur l’action sur les récepteurs dopaminergiques (Les récepteurs dopaminergiques sont impliqués dans plusieurs processus neurologiques, dont la motivation, le plaisir)

Réflexions :

Certaines victimes retrouvent le manipulateur pervers narcissique dans les 9 critères de Goodman …

Il est vrai que le manipulateur pervers présente certains de ces comportements mais, à mon sens, l’origine de la pathologie en est différente.
Chez le pervers narcissique l’origine probable est « structurelle« , en plus de multifactorielle,  pour ceux bien sur qui sont, comme je dis, « avérés« .
Il ne s’agira donc pas d’une addiction à proprement dit.

Par contre, chez la « victime», ce processus de dépendance affective est extrêmement puissant puisque amenant la victime à sa propre mort, a d’autres origines que structurelles … et cela même si certaines failles semblent pouvoir être héréditaires ou génétiques …

Cette prise de conscience du phénomène addictif me semble essentielle pour toutes les personnes qui s’y trouvent piégées afin de pouvoir concevoir la possibilité d’en sortir !

Dépendance affective des victimes de manipulateurs pervers narcissiques - Geneviève SCHMIT - Coaching thérapeutique pour les victimes de manipulateurs pervers narcissiques ©

Les « victimes » qui n’ont pas le courage de regarder en face la réalité de leur dépendance affective ne pourront aller vers cette prise de conscience essentielle: Comprendre que c’est en elles mêmes que se trouvent les raisons de leurs souffrances.

C’est cette prise de conscience qui est l’une des clés essentielles qui permettra à la victime de sortir de ce rôle qui, sans elle, la figerait dans la colère, la haine et dans un immobilisme mortifère.

Installée dans cette « posture victimaire« , elles continueraient inlassablement à répéter le processus qui viendrait alors renforcer leur croyance d’un monde extérieur qui leur serait définitivement hostile.

La posture de « victime » peut dès lors devenir définitive.

A l’inverse, une victime qui réalise qu’elle a en elle tout ce qui a permis à ce drame de se produire pourra maintenant trouver les ressources nécessaires pour donner un nouveau sens à sa vie!

Pour sortir de l’addiction il faut:

  • Choix et engagement
  • Du temps
  • Un environnement favorable (à reconstruire bien souvent)
  • Se faire accompagne par un psy compétant qui puisse mettre en place un protocole d’accompagnement
  • Prendre soin de soi
  • Travailler sa confiance en soi
  • Élaborer des projets personnels stimulants (autre que celui de fuir le manipulateur pervers)
  • Prendre des compléments alimentaires du type Omega3, Vit, Mg
  • Bien dormir sans médication
  • Pratiquer de la respiration consciente, de la méditation, de l’auto-hypnose ou de la sophrologie
  •  …

Dissocier corps de la tête… les pulsions de la raison.

 Retrouver sa Joie de vivre !

6 février 2014

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Témoignage:

Analyse d’un témoignage

Hier, j’ai craqué…

Je suis allée le voir, et là, comme par hasard, il s’est montré tout mignon, tout doux, tout câlins… Pourtant, quelques jours auparavant, il m’envoyait des messages qui disaient: « Grosse pute« , « Tu me dégoûtes« , « Tu me déçois« , « Tu resteras seule toute ta vie« , et j’en passe…

Pour récupérer la proie qui lui échappe, et par satisfaction de son « pouvoir » de séduction, ou tout du moins le croit-il, le PN revient dans la phase première de l’emprise par un investissement afin de capter émotionnellement sa proie. 

Pour le PN, l’image qu’il renvoie est primordiale (Faille narcissique), et, tel un enfant, en rabaissant l’autre, il se sent grandi. Par ailleurs, il sait, ou il sent, que chez sa proie, c’est également le cas (Faille narcissique). En la rabaissant, il va faire s’effondrer le peu d’estime d’elle-même qui lui reste.

J’ai tenté de trouver dans son regard d’où provenait cette méchanceté, pourquoi il me faisait tout ça… Je n’ai pas trouvé de réponses à mes questions.

Le regard du PN est rarement en accord avec ses paroles et il bien souvent perçu comme « vide » … La plus grande arme de ces individus, hommes ou femmes, c’est le blabla!

Avec lui, ce fût une demi-heure de pur bonheur pour mon cerveau. J’ai eu droit à des câlins, des baisers, de la tendresse, et même des mots doux. Il m’a offert tout ce dont j’avais envie…

En toute « intelligence », celle de la ruse, le PN réamorce la pompe de désir, marquée par ses précédents passages, dans le cerveau de sa proie. Il met le feu à tous les capteurs de plaisir…

Mais après, il m’a dit qu’on allait réfléchir pour se remettre ensemble. Je lui ai répondu que c’était sans doute une blague!

Le PN tente là de ramener à lui le filet qu’il a lancé… mais, ici, sa proie n’a pas perdu toute lucidité.

Une fois dans ma voiture, j’ai eu terriblement honte de moi, honte d’y être retournée alors que je commençai seulement à retrouver le sourire.

Eloignée de l’élément addictif, autrement dit, le PN, la proie retrouve un peu ses esprits et ne comprend pas ce qui s’est passée, et pour cause.

Elle était comme en transe, dans un état second, dû uniquement à son addiction à ce qu’il provoque comme rêverie en elle-même!

 Mais pourquoi un tel autosabotage ?

Je ne comprendrai jamais…

Le ou la PN n’est là que pour répondre à nos rêveries les plus folles et, en y répondant, donc en déclenchant cet immense plaisir en nous-même, nous le rendons indispensable et nous devenons prêt(e)s à en payer le prix fort!

Autrement dit, ce n’est pas tant le dealer ou même la drogue qui est « responsable » de tous ces drames, mais bien les désirs fantasques que nous avons en nous, et auquel on veut, coûte que coûte donner vie.

Mais je suis certaine d’une chose maintenant, malgré ma remise et un paquet de mouchoirs vidé, je n’accepterai jamais qu’il revienne habiter avec moi!

Je ne veux plus, mais pourtant mon cœur reste accroché à lui comme une sangsue…

Après avoir eu sa « dose », la victime est apaisée et, tout naturellement, pense pouvoir maintenant ne plus replonger… Mais…

Mais, lorsque le « manque » se fera à nouveau sentir, irrémédiablement, le « besoin » de retourner prendre un « dose » se fera de plus en plus puissant.

octobre 2022

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