Pervers narcissique et victime

Le manipulateur pervers narcissique, homme ou femme, et sa victime.

– Quelques questions/réponses –

Suite à une interview réalisé le 29 avril 2015

Qu’est-ce qu’un pervers narcissique ?

Un pervers narcissique est un individu, homme ou femme qui s’est construit autour d’une structure émotionnelle totalement immature. Pour lui, « l’autre » n’existe pas en tant qu’individu. Il n’est que l’objet de ses besoins.
A partir de cette réalité sur laquelle il n’a lui-même aucune prise, le pervers narcissique doit réussir à bâtir une personnalité puissante qui le protègera du vide sidéral de ce Moi qui n’a jamais pu devenir adulte.
De cette immaturité, découle un comportement à 100% centré sur lui-même qui est justifiée par le fait que sa survie même en dépend.

Chaque acte, même en apparence désintéressé a toujours un bénéfice secondaire qui va le servir.
Le PN est un peu comme un préadolescent de 10/15 ans, caractériel et mal élevé, dans un corps d’adulte et avec un pouvoir de nuisance d’adulte. Comme l’ado, il sera donc capable d’actions pulsionnelles démesurées, capable de punir l’autre, de bouder, de crier, d’imposer sa propre loi qui évoluera suivant ses propres intérêts.
Il joue sur un échiquier dont lui seul connait les règles et qu’il réadapte au cours de la partie pour être certain de la gagner.

Pourquoi le pervers narcissique détruit-il sa proie?

Le pervers narcissique est condamné à avoir une représentation sublimée de son image

 

L’objectif premier du PN n’est pas de détruire l’autre …
La destruction de l’autre n’est que la conséquence malheureuse de son besoin premier qui est de garder le pouvoir et d’avoir une constante valorisation de lui-même. Il épuise et transforme sa victime en la stimulant constamment pour qu’elle lui donne toujours plus de gratitude.

Le rôle du prédateur sera de déployer toute l’intelligence de sa ruse pour pousser sa proie à le nourrir.
Il est condamné à avoir une représentation sublimée de son image, car la réalité de ce qu’il est, le ferait basculer instantanément dans la panique et la mort.
Les postes d’influence et de pouvoir, l’attrait de l’argent viennent renforcer la puissance du prédateur et le rassurer.
La séduction, l’apparence brillante, le soutien (posture du sauveur au début de la relation) ne sont que des impostures misent en place pour appâter la proie, un peu comme le paon qui fait la roue.
La violence psychologique, la pression, les mensonges, les crises et autres chantages affectifs sont là pour maintenir la proie sous son joug.

Pourquoi le pervers narcissique change-t-il brutalement d’attitude?

Le manipulateur pervers, comme l’adolescent, est totalement incapable de gérer les frustrations et les tensions.
Les tensions peuvent le faire basculer dans des paniques telles qu’il peut avoir des réactions violentes qu’il  ne contrôle plus, de type psychotique.
Tout ce qui vient déstabiliser son équilibre personnel est perçu comme un danger de mort de manière inconsciente. Il peut donc être capable, dans ces moments-là, de passer à l’acte.
Ce basculement de la période de « lune de miel » à la période de tension intervient en général à la première situation vécue comme déstabilisante pour lui. Ce peut être un premier refus de sa victime, l’arrivée d’un enfant, le décès de sa mère …

Qu’est-ce qui relie le pervers narcissique à sa victime?

Il est intéressant de réaliser que pervers narcissiques et victimes de pervers narcissiques ont à la base de leur structure interne la même faille: une estime de soi faible et instable.
Le PN a remédié à cela en construisant autour de lui des protections extrêmement puissantes qu’il est condamné à garder fermement. Aucune remise en question n’est possible sous peine de se sentir se disloquer dans ce vide intérieur sidéral.
La victime du PN, elle, va tenter de remédier à son manque de confiance et d’estime de soi en recherchant un protecteur, un père. Elle se remettra constamment en question. Elle trouvera un apaisement en déployant dans son esprit des rêveries idéalisées, des contes de fées qu’elle aimera croire possible.
La victime va donc créer de toute pièce son propre fantasme qu’elle va projeter dans le manipulateur pervers qui, tel un prédateur, va instinctivement s’approprier pour pouvoir lui offrir en retour l’idéal de sa représentation.
Et le piège est fermé.

Y a-t-il plus d’hommes que de femme pervers narcissique?

Force est de constater que l’on trouve plus de pervers narcissiques hommes que femmes.
Ce fonctionnement neurologique est d’un type plus masculin que féminin. Mais il est évident que des femmes peuvent avoir cette structure mentale perverse narcissique.
De plus, notre société et notre héritage judéo-chrétien vient renforcer cette nécessité de dominance masculine. De même que les petites filles sont encore bercées dans des rêves de princesses « sauvées » par des princes tout à fait charmants….
Cela n’aide pas à construire une estime de soi forte…

Pourquoi est-ce si difficile de quitter un pervers narcissique?

Il est très difficile pour la victime de quitter un pervers narcissique pour deux raisons:

  1. D’une part, la confiance en soi de la victime, déjà faible à la base, a été totalement ravagée par le prédateur afin de préserver sa suprématie.
  2. D’autre part, la victime a eu le temps de se lier au prédateur par un lien de dépendance affective extrême que l’on peut comparer à celui d’un drogué à sa drogue.

Le temps joue contre la victime.
Plus le temps avance, moins la victime à de forces, de ressources, de relations, d’argent, de possibilités pour s’en sortir…
Plus le temps passe, plus le manipulateur pervers s’organise, réécrit l’histoire, organise son insolvabilité, trouve des alliés …

                     

Pourquoi le pervers narcissique agit-il comme çà?

Pour comprendre le fonctionnement du manipulateur pervers, il faut toujours revenir à ce postulat de base qui est qu’un PN est un préadolescent dans un corps d’adulte et avec un pouvoir de nuisance d’adulte.
Pour lui l’autre n’existe pas. Il n’est là que pour le servir.
Il tentera de détruire l’autre comme on cherche à effacer une offense car, dans son esprit malade et immature, faire disparaitre l’autre fait que le problème n’existe plus.
La victime qui rompt le lien avec le prédateur commet un crime de lèse-majesté impardonnable. A partir de là, tous les coups sont permis.

Que doit faire une victime qui a des enfants avec un manipulateur pervers narcissique ?

Les enfants, seront après l’argent, le moyen de pression le plus sûr contre la proie qui a fui. Les enfants seront objetisés comme l’est toute personne. Ils serviront de moyen de pression, seront des espions à la solde du prédateur, seront le bras armé du pervers narcissique.

Pour s’en protéger un minimum, quelques règles de bases:

  • L’avocat doit faire en sorte que le jugement concernant les droits de garde soit extrêmement précis. Ils ne doivent laisser aucune interprétation ou aucun doutes sur les heures et jours de passage de bras.
  • Le parent protecteur ne doit pas sortir du cadre du jugement, même pour « arranger » le ou la PN. Toutes tentatives de conciliation de la victime sera un aveux de faiblesse pour le prédateur qui reprendra son pouvoir.
  • La victime, doit se protéger de toute infiltration du PN dans sa vie privée: téléphone, Skype, visites impromptues, passage de bras dans le logement de la victime… Tout doit être verrouillé.
  • Le parent protecteur, une fois que la justice a statué sur les droits de garde, quels qu’ils soient, doit se faire aider pour entrer dans le lâcher-prise qui mène à la résilience.
  • Le parent protecteur va devoir apprendre à ses enfants à « nager dans ces eaux troubles » en lui apportant des valeurs stables, des limites claires, une bonne connaissance du bien et du mal ainsi qu’un environnement sécure qui permet de garder la parole libre.
  • Le parent protecteur doit contre balancer le lavage de cerveau subit par les enfants en disant les faits. Il ne faut pas protéger l’image du terroriste … mais dire les choses telles qu’elles sont.

Que doit faire la victime qui n’a pas d’enfant ou de biens avec un pervers narcissique ?

La victime qui n’a pas d’enfant ou de biens avec le prédateur, doit impérativement trouver en elle la force de rompre tous les liens, quitte à fuir.
« Gagner » ne sera jamais mettre à genoux le PN.
« Gagner » c’est reprendre sa vie en main et la construire en tenant compte de l’apprentissage de l’expérience vécue.
La recherche de vengeance, le désir de faire comprendre à l’autre à quel point on a souffert, le désir de faire reconnaitre par l’entourage et par la justice que le bourreau est un pervers narcissique n’est qu’une pirouette de l’esprit addict de la victime qui veut conserver le lien de manière parfois inconsciente.
Cela demande beaucoup de courage, d’aide, de soutien professionnel et affectueux car la victime, telle une droguée, va rechercher sa dose en tentant de rappeler ou de revoir le prédateur.
La victime qui fait le choix de rompre arrivera à partir… quelques heures, quelques jours…
Au fur et à mesure du temps, le « manque » de l’autre va se faire sentir, et elle ira, consciemment ou non, le rechercher pour trouver un apaisement, comme pour la drogue.
La dose reprise, l’esprit s’apaise et la victime se rend à nouveau compte de l’horreur de la situation …. Ce va et vient peut durer… La réussite viendra de la qualité de l’entourage de la victime et de la force et des ressources qui lui restaient.

Geneviève SCHMIT

© Geneviève Schmit, experte dans l’accompagnement des victimes de manipulateurs pervers narcissiques depuis 2012.

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Geneviève Schmit.
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