La mort vécue par les proches (Partie 2)

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Pourquoi c’est si difficile, si bouleversant… et comment trouver la justesse dans l’accompagnement d’une personne en fin de vie

La mort vécue par les proches - Partie 2 Pourquoi c’est si difficile, si bouleversant… et comment trouver la justesse dans l’accompagnement d’une personne en fin de vie

Après avoir exploré ce que vit la personne en fin de vie, il reste un territoire tout aussi fragile, tout aussi humain, souvent moins nommé : celui de ceux qui restent debout autour d’elle.
Car si la mort avance dans l’horizon du mourant, elle avance aussi, autrement, dans le cœur de ceux qui l’accompagnent.

Les proches ne vivent pas la fin de vie, mais leur fin de quelque chose :
la fin du quotidien partagé, la fin des projets à deux, la fin des certitudes, parfois la fin de ce qu’ils pensaient être leur rôle. propres limites, leurs propres déchirures intérieures.

Ils avancent à tâtons, comme des funambules entre la volonté de bien faire et la peur de mal faire, entre le désir d’être présents et celui de se protéger.
Eux aussi ont leurs propres besoins, leurs propres limites, leurs propres déchirures intérieures.

Comprendre cette réalité, c’est permettre à chacun, mourant comme accompagnant, d’être moins seul, moins perdu, moins écartelé.

C’est à cette expérience intime, souvent silencieuse, que cet article est consacré.

La souffrance n’est pas unilatérale. Les proches, qu’ils soient très engagés ou plus périphériques, traversent eux aussi un parcours complexe.

Pour les proches très proches (conjoint, enfants adultes, aidants principaux)

– Un profond sentiment d’impuissance : ne pas pouvoir empêcher la douleur, ni la mort.
– Une culpabilité tenace : « Ai-je fait assez ? Ai-je été présent quand il fallait ? »
– Une fatigue morale, parfois physique, liée à l’organisation, aux soins, à la veille.
– Une difficulté à préparer « l’après » : beaucoup n’osent pas nommer la mort, par pudeur ou par peur.
– Une oscillation constante : un jour dans la force, un autre dans le retrait.

Pour les proches plus lointains (amis, collègues, voisins)

– Le sentiment d’être maladroit, gêné, de ne pas savoir quoi dire.
– La peur de déranger, d’aggraver la situation, qui peut mener à l’évitement.
– L’impression d’assister à une perte avant l’heure.
– Une hésitation permanente : être présent, ou s’effacer ?

Le syndrome du « sauveur »

– Certains proches endossent inconsciemment un rôle de « sauveur » : tout prendre en charge, tout organiser, anticiper chaque besoin, apporter les petites recettes « miracles » …
– Cette hyper-activité cache souvent un déni: tant que ce qui est vrai, l’approche de la mort, n’est pas exprimé, alors cela n’existe pas.
– Pour la personne mourante, cela peut devenir douloureux : elle doit composer avec le besoin psychologique de l’autre, au moment où elle aurait surtout besoin d’être entendue dans sa propre vérité.
– Le « sauveur » finit parfois par décider à la place du malade : visites imposées, spiritualité forcée, refus de parler de la mort.
– Une question simple peut rétablir l’équilibre : « Que veux-tu, toi, maintenant ? »

La fuite / le retrait

– Se retirer n’est pas toujours une faute morale : certains proches se protègent, pour ne pas s’effondrer.
– Le problème surgit quand ce retrait devient silence total.
– Pour le mourant, cela peut être vécu comme un abandon, une insupportable douleur, voire une sanction.
– L’essentiel : être vrai. Dire ce que l’on peut offrir… et ce que l’on ne peut plus.

Quelle posture adopter ?

  • Demander à la personne : « Que souhaites-tu maintenant ? »
  • Être présent sans envahir.
  • Laisser place aux croyances ou non-croyances : prière, méditation, silence, selon son désir.
  • Accepter les jours sans parole : ils ne signifient pas rejet.
  • Informer plutôt que disparaître : un message vaut mieux qu’un vide.
  • Respecter le repos, le calme, la pudeur.
  • Se faire aider : un accompagnant épuisé ne peut pas soutenir longtemps.
  • Aider à transmettre ce qui peut l’être : lettres, souvenirs, mots confiés.
  • Valoriser les gestes simples : un regard, un toucher, une présence douce.
  • Renoncer à l’idée de la « fin parfaite » : la vérité humaine suffit.

Quelques attitudes à éviter

  • Ne pas dire « Tout ira bien » si cela nie la réalité.
  • Ne pas forcer la joie, la spiritualité ou les visites.
  • Ne pas se taire ou faire taire par peur d’entendre la mort : la personne sent que quelque chose se joue.
  • Ne pas régler nos comptes.
  • Ne pas faire comme si la maladie n’existait pas.
  • Ne pas infantiliser, même quand la lucidité s’effrite.
  • Ne pas se transformer en héros sacrificiel : cela abîme la relation.

Conclusion : agir avec compassion

Accompagner un proche en fin de vie est un chemin où l’on apprend autant sur soi que sur l’autre.
Ce n’est pas seulement être témoin d’une mort annoncée, c’est traverser un paysage fait d’attachements, de peurs, de gestes maladroits, de fatigues, de forces insoupçonnées et de fragilités qu’on n’osait pas regarder.

Les proches avancent, non pas derrière le mourant, mais à côté de lui, chacun avec son fardeau, ses questions, sa foi ou son absence de foi, ses tentatives d’aimer juste.
Il n’existe pas de manière parfaite d’accompagner. Il existe seulement une manière humaine : la présence sincère, le respect des limites, le courage de dire et le courage de se taire.

Et peut-être que l’essentiel est là :
rester présent sans se nier, aimer sans s’effacer, soutenir sans se sacrifier.
Trouver, dans cette traversée commune, un équilibre fragile où chacun existe, chacun compte, chacun souffre mais personne n’est abandonné.

Car la fin de vie n’appartient pas qu’à celui qui s’en va ;
elle façonne aussi ceux qui restent.
Et si elle est portée avec justesse, ni héroïsme, ni fuite, elle peut devenir un dernier lieu de vérité partagée, où l’on apprend à laisser partir sans disparaître soi-même.

Pour aller plus loin : comprendre les besoins de celui qui part

Accompagner un proche en fin de vie, c’est souvent naviguer dans une tempête intérieure sans toujours comprendre ce que vit réellement celui qui s’en va.
Nos propres peurs, nos croyances, nos silences et nos élans peuvent brouiller la perception de ses besoins profonds.

Si vous souhaitez mieux saisir ce que ressent une personne en fin de vie, ses attentes, ses peurs, sa spiritualité, sa demande de vérité ou de silence, je vous invite à découvrir le premier article de cette série :
👉 « Parlons de la mort… ou taisons-la : trouver la justesse entre les besoins du mourant et de ceux qui l’entourent ».

Comprendre l’un éclaire toujours mieux l’autre.

Geneviève Schmit – novembre 2025

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