Protéger ses enfants d’un parent toxique quand on ne peut pas partir.

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Quand papa, ou maman, reste un adolescent : comment protéger les enfants du danger?

Protéger ses enfants d’un parent toxique sans pouvoir partir : stratégies psychologiques et éducatives pour les sécuriser malgré l’emprise perverse.

Il arrive qu’aimer ne suffise pas à protéger.

Quand le danger se cache derrière les murs de la maison, certains parents, mères ou pères, restent pour veiller, pour amortir la chute, pour que leurs enfants aient encore un repère.

Ils ne peuvent pas fuir, alors ils inventent d’autres façons d’aimer : par la clarté, par la présence, par la force tranquille qui empêche l’enfant de sombrer.

Car parfois, un seul adulte stable, un seul, suffit à maintenir la lumière allumée au cœur du chaos.

Le paradoxe du danger intérieur

Comment protéger ses enfants quand le danger se trouve à l’intérieur du foyer, et qu’il est impossible ou trop risqué de partir ?

Des milliers de mères vivent ce dilemme : rester pour protéger, ou partir au risque de perdre toute visibilité sur leurs enfants.
Cela peut aussi concerner certains pères.

Chaque jour, des enfants apprennent à grandir dans le chaos, à se construire dans la peur, et à espérer malgré tout qu’un adulte finira par les protéger.
Dans ces foyers, l’enfant comprend trop tôt que l’amour ne protège pas toujours, et que les adultes ne sont pas toujours fiables.

Mais il existe des stratégies psychologiques et éducatives pour limiter les dégâts, même quand partir n’est pas possible.

1. Deux enfants, deux stratégies de survie

Prenons l’exemple d’Ophélie, 12 ans, et d’Océane, 9 ans, les enfants de l’une de mes patientes.
Dans une même fratrie, deux univers coexistent, deux manières de survivre.

  • L’aînée, lucide, développe une maturité prématurée.
    Elle voit, comprend et souffre. Elle verbalise la défaillance du père et réclame protection :

« Je ne veux plus rester seule avec lui. »
« Je suis fatiguée mais je n’arrive pas à aller me coucher toute seule… si on me met un écran, je vais le regarder. »
« Je veux aller en internat. »
« Je me suis couchée seule, sans bisous, sans rien. »
« J’en peux plus de ce père… je veux plus le voir. »

À travers ses mots, on sent l’épuisement d’une enfant qui n’attend plus d’amour, mais juste de la cohérence.

  • La cadette, au contraire, s’accroche à l’image du père amusant et permissif.
    Diagnostiquée TDAH, elle le défend, minimise ses manquements et cherche à le “sauver”. Observation décrite par la mère : “Elle se jette dans ses bras dès qu’il arrive, comme pour rétablir la paix.”
    À neuf ans, l’illusion est encore une protection.

Ces différentes postures, la lucidité, le déni, ou encore le repli sur soi jusqu’à vouloir « disparaître », sont autant de mécanismes de survie.
Aucune n’est pathologique.
Chacune traduit une tentative de l’enfant pour rester en vie psychiquement :
l’un se protège par la conscience, l’autre par l’illusion, un troisième par le silence.

2. Le père adolescent : l’adulte démissionnaire

Ce type de père, qu’on pourrait qualifier “d’adolescent attardé”, comme le sont souvent les manipulateurs pervers narcissiques, échoue à incarner la fonction paternelle.
Il veut plaire, jouer, séduire — mais est incapable de protéger, d’éduquer ou de grandir.
Il n’endosse ni la responsabilité, ni la contrainte. Il ne veut que les droits, jamais les devoirs.

Lorsqu’on le confronte, il se sent persécuté, culpabilise l’enfant, ou rejette la faute sur la mère.

“Ma fille est tombée d’un objet de musculation mal fixé, est restée inconsciente de longues heures. Il lui a reproché son imprudence…”

Son immaturité peut aller jusqu’à la mise en danger physique.
Ces comportements révèlent une déconnexion affective profonde : absence d’empathie, incapacité à anticiper le risque, refus farouche de se remettre en question.

3. Quand on ne peut pas partir

Il arrive que partir soit, pour le moment, trop dangereux. Rester l’est tout autant.
Dans ces situations, il faut inventer un troisième chemin : celui de la protection psychique.
Certaines mères, conscientes du danger, ne peuvent pourtant pas quitter le domicile à cause de la précarité, de menaces judiciaires, de la peur de représailles, de l’impossibilité matérielle…
Dans ce cas, l’objectif n’est plus de fuir, mais de protéger autrement :

  • Délimiter les zones de sécurité émotionnelle dans la maison.
  • Renforcer la parole de l’enfant, sans jamais la forcer.
  • Instaurer des rituels protecteurs : appel du soir, mot de code, alarme de coucher, rituel de respiration.
  • Remplacer la notion de secret par celle de prudence, pour éviter la culpabilité du silence imposé.
  • Aider l’enfant à s’autonomiser, à grandir plus vite, sans se sentir abandonné.

4. Parler sans détruire : dire la vérité sans effondrer

L’enfant a besoin de clarté.
Le mensonge, même protecteur, crée de la confusion et renforce l’angoisse.

Mais dire la vérité ne signifie pas tout dire.
Il faut formuler les faits sans excès émotionnel :

“Ton père est défaillant. Ce n’est pas ta faute. Je vais t’aider à te protéger par toi-même.”

Ce discours permet à l’enfant d’intégrer la réalité sans désespoir, de transformer sa lucidité en force intérieure plutôt qu’en impuissance.
Nommer sans condamner, c’est permettre à l’enfant de ne pas porter la honte du silence.

« Dire la vérité sans colère, c’est apprendre à l’enfant qu’on peut regarder la douleur sans s’y noyer. Nommer sans condamner, c’est lui rendre la liberté de penser et la dignité de ressentir. »

5. L’enfant lucide et l’enfant sauveur : deux chemins vers la résilience

  • L’aînée, dans sa lucidité douloureuse, développe une conscience précoce du danger.
    Elle souffre, mais construit une boussole interne : elle saura reconnaître plus tard les comportements toxiques.
  • La cadette, en fusion et en déni, brouillée par son TDAH, mettra plus de temps à voir la réalité. Mais son attachement servira de base à l’apprentissage de la désillusion, lorsqu’elle comprendra à son rythme.

L’enjeu pour la mère est de ne pas opposer ces deux postures, mais de les reconnaître comme deux manières différentes de survivre à l’insécurité affective.

6. Transformer le trauma en force

Le travail thérapeutique, notamment avec l’EMDR, aide l’enfant à revisiter les événements douloureux à s’en réappropriant l’histoire.

“Je lui ai toujours dit qu’elle portait une histoire de force et de renaissance.”

Ce passage du « pourquoi moi ? » au « grâce à cela, je deviens fort(e) »  est le cœur de la résilience.
L’enfant, soutenu par une parole claire et un cadre aimant, apprend que la douleur n’efface pas la vie : elle peut même la renforcer.

« Le jour où l’on comprend que la blessure peut devenir force, on cesse de survivre pour commencer à vivre. »

7. Le rôle de la mère protectrice

La mère protectrice est souvent épuisée.
Elle se débat entre la peur, la culpabilité, la solitude, la contrainte, et trop souvent encore, l’injustice d’un système qui ne la croit pas.

Mais même sans pouvoir partir, elle peut :

  • Offrir des repères constants.
  • Légitimer les émotions de l’enfant.
  • Nommer les comportements inadaptés du père sans haine.
  • Encourager l’enfant.
  • Et surtout, montrer par sa cohérence qu’un adulte fiable existe encore.

Conclusion : grandir dans le chaos, survivre grâce à la clarté

Les enfants exposés à un parent toxique ne sont pas condamnés.
Ils peuvent grandir, comprendre, se construire à condition d’être accompagnés avec vérité, douceur et cohérence.

La lucidité, si elle s’accompagne d’amour, devient un vaccin contre la reproduction du schéma.
Et parfois, il suffit d’un seul adulte stable, un seul, pour réparer ce que l’autre détruit.

« Dans le tumulte des liens toxiques, la clarté d’un seul cœur apaisé peut devenir le repère d’une vie entière. »

Geneviève Schmit – novembre 2025

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