Entre bienveillance et manipulation, l'emprise silencieuse d'une grand-mère.
Influence des réseaux sociaux sur le jugement et désinformation de masse.
Submergée par un flot incessant de contenus fantaisistes sur les méfaits des manipulateurs pervers narcissiques, Huguette s’est retrouvée prisonnière d’une « vision tunnel ». Cette obsession l’a rendue incapable de voir sa belle-fille autrement que comme une menace, tout en l’aveuglant sur les conséquences dramatiques de sa propre croisade. En venant me consulter, elle cherchait moins un avis éclairé qu’une validation de ses préjugés, espérant que je soutiendrais son idée extrême de retirer l’autorité parentale à la jeune mère.
Cette situation met en exergue une autre forme de perversion : l’impact déformant de publications fantaisistes qui nourrissent et exacerbent des peurs bien souvent irrationnelles.
Témoignage:
Huguette, habite dans un appartement adjacent à la maison familiale, où vit son fils de 27 ans, sa belle-fille Manon, âgée de 22 ans, et leurs deux enfants de 2 ans et 2 mois. Influencée par la quantité de vidéos sur les pervers narcissiques visionnées, cette grand-mère considère Manon comme une personne narcissique perverse, tout en reconnaissant paradoxalement que cette dernière prend bien soin des enfants, qui sont épanouis et en bonne santé. Manon a choisi de mettre sa carrière de côté pour se consacrer pleinement à l’éducation de ses enfants.
Huguette est catholique et très proche d’une communauté Bénédictine. Malgré les conseils de la mère abbesse qui lui a suggéré de laisser sa belle-fille apprendre son rôle de jeune maman et de se concentrer sur elle-même. La grand-mère a une présence envahissante dans la vie de la famille. Elle s’occupe fréquemment des petits-enfants et partage un déjeuner familial avec eux chaque semaine.
Récemment à la retraite et sans autres loisirs, elle consacre également beaucoup de temps à s’occuper de son autre fils adulte atteint de schizophrénie. Ignorant les conseils de sa communauté religieuse et convaincue de son propre jugement, elle a pris la décision radicale d’effectuer un signalement auprès des services sociaux, dans l’espoir de lui retirer l’autorité parentale…
Étonnamment, Huguette pense que sa démarche n’aura aucun impact sur sa relation avec son fils, sa belle-fille et ses petits-enfants, malgré l’ampleur de l’accusation et la gravité des éventuelles conséquences. Il est important de noter que, malgré les propos alarmistes de cette patiente, il me semble très prématuré de poser le « diagnostic » de « manipulateur pervers narcissique » à cette jeune maman. À seulement 22 ans, Manon est encore en train d’apprendre son rôle de mère et mérite l’opportunité de le faire sans être étiquetée de manière si définitive et potentiellement destructrice.
Implications légales:
Les implications légales de l’action d’Huguette est loin d’être anodine. Au mieux, sa demande auprès des services sociaux sera classée sans suite, laissant néanmoins une trace administrative qui pourrait ressurgir ultérieurement. Au pire, cette démarche pourrait déclencher une enquête des services sociaux, mettant ainsi en péril la stabilité de cette jeune famille et créant un climat de méfiance et de tension.
Mais les conséquences ne s’arrêtent pas là. Si la demande d’Huguette est rejetée, Manon, sa belle-fille, aurait tout à fait le droit de porter plainte pour diffamation. Une telle plainte serait non seulement recevable, mais pourrait également entraîner des sanctions judiciaires contre Huguette, sans parler du risque de rupture définitive des liens familiaux.
Réflexion sur l'éthique de la consultation:
La consultation avec Huguette a soulevé des questions éthiques complexes que tout professionnel de la santé mentale pourrait rencontrer. Il est crucial de souligner que mon rôle n’est pas de conforter le patient dans ses croyances, mais de l’éclairer afin qu’il puisse agir de manière équilibrée et respectueuse envers les autres et lui-même. Cela implique parfois de contredire des idées préconçues ou des attentes, ce qui peut être difficile à la fois pour le patient et pour le professionnel.
Je suis consciente que tous les praticiens ne partagent pas cette éthique rigoureuse. Certains pourraient être tentés de valider les croyances erronées d’un patient pour assurer une relation thérapeutique continue. Cependant, ma priorité reste l’intérêt réel du patient. J’écoute, j’analyse, et je communique ce qui me semble être la meilleure voie à suivre, même si cela va à l’encontre des attentes du patient. Le défi réside dans la manière de le faire entendre sans provoquer un rejet total de mes observations, ce qui serait contre-productif.
Conclusion:
Le cas d’Huguette illustre de manière frappante comment la désinformation et les préjugés, amplifiés par les réseaux sociaux, peuvent non seulement déformer notre perception de la réalité, mais aussi mettre en péril l’équilibre d’une famille toute entière. Dans sa quête désespérée de validation, Huguette a non seulement ignoré les conseils avisés de sa communauté et des professionnels avertis, mais elle a également mis en jeu l’avenir de ses petits-enfants, sa relation avec son fils et la stabilité de cette jeune famille. Ce cas soulève également des questions éthiques cruciales pour les professionnels de la santé mentale, rappelant l’importance d’une pratique rigoureuse et éthique. Ceci n’est pas seulement un avertissement sur les dangers de la désinformation, mais aussi un appel à la vigilance : dans un monde où l’information est à portée de clic, le discernement est plus que jamais une compétence vitale.
Geneviève SCHMIT – Psychopraticienne spécialisée dans l’accompagnement des victimes de manipulation perverse narcissique et auteure – septembre 2023
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Assurément, les intentions d’Huguette étaient bonnes, mais sa vision de la situation était complètement fausse, ce qui a conduit à un comportement pervers. En cherchant à « libérer de l’emprise » qu’elle pensait que Manon avait sur la famille, elle est devenue, sans le vouloir, un bourreau moral pour cette jeune mère. Ce cas illustre comment la culpabilité, souvent alimentée par la désinformation et le harcèlement moral sur les réseaux sociaux, peut transformer une personne empathique en proie facile pour des mécanismes pervers. Il est crucial de consulter un psychanalyste ou un psychiatre pour éviter de tomber sous l’emprise de telles idées et de maintenir son propre équilibre mental.
Il est souvent difficile de reconnaître que l’on est sous l’emprise d’une personne toxique, surtout lorsque celle-ci sait manipuler les émotions et utilise la séduction ou l’empathie de manière perverse pour maintenir son emprise. La première étape pour se libérer de cette emprise psychologique est de prendre conscience de la situation. Cela peut nécessiter une psychanalyse ou une consultation avec un professionnel pour identifier les failles narcissiques qui vous rendent vulnérable à cette manipulation pathologique.
Il est également important de ne pas se culpabiliser. Souvent, la personne toxique, qu’elle soit une femme manipulatrice ou un homme, cherche à faire passer ses victimes pour les coupables. Ce mécanisme de « contre-manipulation » peut rendre la victime encore plus encline à rester sous son emprise.
Une fois que vous avez pris conscience de la relation toxique, le mieux est de fuir au plus vite. Si cela n’est pas possible immédiatement, des stratégies peuvent être mises en place pour échapper à son emprise. Il est crucial de consulter des experts en relations toxiques et en psychologie pour vous aider à vous libérer de cette emprise destructrice.
Huguette n’est pas nécessairement une personne manipulatrice ou narcissique au sens clinique du terme. Elle semble plutôt être victime d’une manipulation affective exercée par la désinformation et les contenus qu’elle consomme sur les réseaux sociaux. Ces derniers ont exacerbé ses failles psychologiques et son ego, la poussant à exercer une emprise sur sa famille sous le prétexte de les « protéger ».
Son comportement a des conséquences perverses, notamment le risque de déstabiliser une jeune famille et d’écraser l’autre sous son autorité. Elle passe pour une victime aux yeux de certains, mais elle devient en réalité une sorte de « manipulateur involontaire », agissant avec de bonnes intentions mais avec un esprit pervers façonné par la désinformation.
Il est crucial de comprendre que même si quelqu’un agit avec de bonnes intentions, les méthodes employées peuvent être tout aussi destructrices que celles d’un homme ou d’une femme pervers narcissique. Cela souligne l’importance de la vigilance face à la manière dont les réseaux sociaux et la désinformation peuvent manipuler notre perception et nos actions.
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Geneviève Schmit.
Facebook pour les victimes de violence psychologique et de manipulation perverse. Soutien.Psy
Bonjour, Votre récit montre à quel point vous avez traversé des épreuves d'une intensité rare, à la fois dans votre…