Cancer – Les 3 guérisons

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Les trois guérisons : ce que la médecine soigne… et ce que personne ne voit

Cancer - les trois guérisons

Dans les maladies longues, cancer, maladies auto-immunes, neuropathies, affections chroniques, la guérison paraît simple à définir : « la maladie disparaît », parfois…

En réalité, et comme l’a parfaitement formulé le psychiatre Christophe André, il existe trois guérisons qui se chevauchent et n’avancent pas au même rythme.
Et c’est souvent là que s’installent les incompréhensions, les peurs et la souffrance.

Cette idée n’a rien de poétique, elle est observée cliniquement et documentée en psycho-oncologie et en psychologie de la santé.

1. La guérison médicale : le domaine exclusif de la médecine

C’est la première, la plus visible, la plus attendue.
Elle appartient entièrement aux médecins, chirurgiens, oncologues, rhumatologues, neurologues, chercheurs, etc.

Elle repose sur des critères objectifs :
– disparition de la tumeur ou de la lésion,
– normalisation des marqueurs biologiques,
– stabilisation d’une pathologie chronique,
– imagerie rassurante.

C’est la seule qui puisse être mesurée scientifiquement.

Mais il est désormais bien établi que, même si cette phase est strictement médicale, l’état psychologique du patient influence sa capacité à traverser la maladie et peut avoir un impact indirect sur l’évolution clinique :
– acceptation des protocoles,
– observance des traitements,
– gestion du stress,
– régulation immunitaire,
– tolérance thérapeutique.

Christophe André le rappelle souvent : « le mental ne guérit pas le cancer, mais il aide à mieux vivre la maladie et à supporter les traitements. »

Quant à David Servan-Schreiber, médecin psychiatre et chercheur en neurosciences, il a largement expliqué dans ses travaux que le mental n’est pas un traitement mais qu’il améliore les conditions du combat physiologique.

Croire que cette première guérison suffit est une erreur fréquente, chez le patient comme dans son entourage.
Un accompagnement, une écoute active et une présence ajustée sont indispensables.

2. La guérison psychologique : tout ce qui continue quand la maladie est “finie”

Christophe André explique que la maladie laisse une trace, et parfois une cicatrice émotionnelle douloureuse.

Les études montrent que :
– jusqu’à 40 % des patients post-cancer souffrent de peur de la récidive,
– certains présentent des symptômes de stress post-traumatique,
– les traitements eux-mêmes peuvent laisser des souvenirs intrusifs ou des angoisses anticipatoires.

Cette guérison-là avance lentement.
Elle demande de la douceur, de la patience, du courage, une écoute fine et un accompagnement adapté.– travail sur la fatigue psychique,
– réappropriation du nouveau « moi »,
– reconstruction identitaire après l’épreuve.

C’est dans ce domaine que j’interviens :

– gestion de l’angoisse,
– EMDR pour alléger les empreintes traumatiques,
– soutien émotionnel,
– enseignement de techniques de gestion du stress et de l’angoisse panique,
– travail sur la fatigue psychique,
– réappropriation du nouveau « moi »,
– reconstruction identitaire après l’épreuve.

3. La guérison sociale : reprendre sa place dans le monde

Quand la maladie s’invite dans une vie, tout l’écosystème relationnel change : famille, travail, couple, amitiés, rôles sociaux.
Chacun, par son comportement, peut influencer la manière dont la personne va vivre la maladie.

Bien souvent, le malade doit en plus faire face à la gêne liée au sentiment d’impuissance de l’entourage, ou à l’inverse au syndrome du sauveur, qui n’est pas aidant non plus.
Il est très difficile de trouver la bonne attitude, la bonne distance, le bon mot, postures qui varient d’ailleurs selon les moments.

Mais au fond, le plus important n’est-il pas d’être là, tout simplement ?

Le retour à la vie “normale” peut prendre des mois, parfois des années.
Non pas à cause de la maladie elle-même, mais à cause de la réorganisation émotionnelle, identitaire et relationnelle qu’elle impose.

Retrouver une identité sociale stable, avec tous les deuils que cela comporte, fait partie intégrante de la guérison.
C’est aussi un espace où l’accompagnement psychologique joue un rôle majeur.

Le point clé que personne ne dit assez

La tête ne guérit pas le corps, mais elle le renforce et l’aide à traverser les soins.

Christophe André l’a résumé simplement : « Le mental ne remplace jamais la médecine, mais il peut soutenir les soins médicaux. »

Les données scientifiques confirment que :
– la gestion de l’angoisse améliore la tolérance aux traitements,
– un soutien psychologique régulier diminue la détresse émotionnelle durant les chimiothérapies,
– la réduction du stress améliore l’observance thérapeutique.

Autrement dit, mieux le patient est accompagné émotionnellement, plus libre est-il d’en parler, mieux il traverse ses soins médicaux.

Mon rôle se situe précisément ici : accompagner, écouter, apaiser, stabiliser, soutenir.
Jamais « soigner » la maladie, ce domaine est réservé au corps médical, mais aider le patient à vivre les soins sans s’effondrer.

Trois guérisons, trois vitesses

La guérison médicale va parfois vite.
La guérison psychologique demande du temps.
La guérison sociale avance à petits pas.

On ne guérit vraiment que lorsque ces trois niveaux s’alignent.
Et ce chemin-là ne se fait jamais seul.

Référence:

Vivre avec, vivre après. Trois médecins nous parlent de la traversée du cancer | L’Iconoclaste, Paris, 2025. Christophe André, Cloé Brami, Violaine Forissier.

Vos témoignages suite à l'article

« Bel article que je valide !

Dès l’annonce, j’étais effondrée, un tsunami me tombait dessus.

J’ai immédiatement pris conscience que je ne m’en sortirai pas seule et je savais que c’était le moment de consulter un psychiatre.

Pas envie de pourrir la vie à mon mari et mes proches amis. J’y vais une fois par mois et ça me suffit. Je vais très bien moralement à nouveau. « 

Je poursuivrai cette série d’articles pour approfondir les différentes dimensions de la guérison. Si vous souhaitez témoigner, partager votre expérience ou laisser un commentaire, vous pouvez me contacter directement. Votre parole compte..

Geneviève Schmit – novembre 2025

FAQ

De nombreuses émotions peuvent être liées au cancer. En voici un résumé clair :

Principales émotions liées au cancer

  • L’anxiété, très fréquente dès l’annonce du diagnostic et pendant les traitements. Esmo Open+3Cancer.org+3PubMed Central+3

  • La peur, notamment la peur de la récidive ou de la rechute. MDPI+1

  • La tristesse ou le sentiment de perte : perte de santé, de repères, de rôle social. PubMed Central+1

  • La colère ou la frustration face à la maladie, aux traitements, à l’impact sur la vie. BioMed Central+1

  • Le sentiment d’impuissance ou de perte de contrôle. Wiley Online Library+1

  • L’isolement ou la solitude ressentie, même au sein de l’entourage. Cancer.org

  • Le traumatisme psychologique, chez certains patients (symptômes proches du stress post-traumatique).

Le cancer provoque souvent une peur intense, un état anxieux, parfois une dépression, car les personnes atteintes font face à un traumatisme psychique réel. On observe fréquemment des troubles anxieux, un état de stress élevé, des cauchemars, un sentiment de culpabilité, ainsi que des réactions émotionnelles douloureuses.

Ces manifestations touchent la santé mentale et relèvent de processus psychiques profonds, parfois inconscients. Elles peuvent nécessiter un soutien thérapeutique, qu’il s’agisse de psychothérapie, de TCC (thérapies cognitivo-comportementales), ou d’un suivi avec un psychothérapeute, un thérapeute, un praticien formé à la gestion du traumatisme, notamment en contexte psychiatrique ou psychologique.

L’objectif est d’aider la personne à surmonter les traumatismes, stabiliser les troubles mentaux induits par les stimuli traumatisants, apaiser les émotions et soutenir un retour progressif à l’équilibre.

Le terme cancers émotionnels est une image, utilisée pour décrire cinq formes de souffrance psychologique particulièrement envahissantes. Elles ne sont pas médicales, mais renvoient à des troubles psychiques fréquents après des événements traumatiques.

Voici les cinq formes les plus souvent évoquées :

  1. La peur chronique, qui s’installe après des événements traumatiques, créant un stress aigu, de l’évitement, une irritabilité, et parfois un trouble de stress.

  2. La culpabilité, souvent présente chez les personnes souffrant de vécus traumatiques, avec des pensées douloureuses et une dégradation de l’intégrité psychologique.

  3. La honte, qui agit comme une névrose intérieure, nourrie par des souvenirs traumatiques répétés (reviviscence, répétition, incapacité à “oublier le traumatisme”).

  4. La tristesse profonde, pouvant évoluer vers un état dépressif ou des troubles du sommeil, observés dans de nombreux contextes traumatisants, y compris chez des vétérans ou des victimes d’attentats.

  5. La dissociation, ce mécanisme psychique où la personne se protège en se coupant de ses émotions ou de ses sensations, très présent dans les événements traumatiques aigus.

Ces cinq “cancers émotionnels” sont traitables, notamment avec des approches thérapeutiques comme :
– la psychothérapie,
– les thérapies comportementales et cognitives,
– l’hypnose,
– la thérapie EMDR (recommandée par l’Association EMDR France et l’Association EMDR Europe pour les traumatismes),
– parfois un traitement antidépresseur lorsque la souffrance est sévère.

L’objectif est de diminuer la prévalence des symptômes douloureux, d’intégrer progressivement le souvenir traumatique, et de restaurer un équilibre émotionnel durable.

Le cancer peut agir comme un événement traumatique, parfois comparable à un violent traumatisme, car son annonce et ses traitements créent un état fortement stressant. Chez certaines personnes, la survenue du diagnostic réactive des traumatismes de l’enfance, ou des expériences antérieures où elles ont déjà vécu un traumatisme.

Sur le plan psychologique et psychiatrique, on observe souvent :
– une symptomatologie de stress élevée,
– des réactions comportementales d’évitement,
– des phases d’état de stress aigu,
– parfois une névrose traumatique lorsque le vécu traumatique se répète ou devient envahissant,
– des troubles anxieux ou des phobies,
– des souvenirs ou images intrusives liés au diagnostic ou aux soins, que l’on appelle parfois mémoire traumatique.

Ces réactions sont liées à des mécanismes cérébraux bien connus :
– l’amygdale, centre d’alarme émotionnelle, s’active fortement face au choc,
– l’hippocampe, impliqué dans la mise en sens et la mémoire, peut être perturbé lorsque les événements sont trop stressants.
Cela explique pourquoi certains patients disent « revivre » un souvenir traumatisant, comme si leur corps réagissait à nouveau.

Dans les situations les plus difficiles, le recours à des approches thérapeutiques validées peut être nécessaire, comme les thérapies comportementales, l’EMDR pour traiter les traumatismes psychologiques, l’hypnose, ou un soutien psychiatrique avec antidépresseurs lorsque la souffrance devient trop lourde.
Des recherches explorent aussi l’usage du propranolol pour diminuer l’intensité émotionnelle de certains souvenirs traumatisants, mais uniquement dans des cadres psychiatriques stricts.

Le cancer ne touche donc pas seulement le corps. Il peut affecter profondément la santé mentale, surtout chez les personnes qui avaient déjà vécu un traumatisme, ou qui doivent faire face à des événements particulièrement traumatisants liés à la maladie.

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