Victimes désignées coupables – Quand la justice protège l’agresseur

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Manipulation perverse et inversion des rôles : l’erreur judiciaire qui détruit les victimes

Victimes désignées coupables - Quand la justice protège l’agresseur - Pervers narcissique

L’inversion des rôles, une mécanique implacable

Des femmes victimes de manipulation perverse voient trop souvent leur réalité déformée, niée, puis retournée contre elles. Elles sont jugées non pas pour ce qu’elles ont subi, mais pour la façon dont elles réagissent à l’insupportable.
Instables, hystériques, dangereuses : tels sont les qualificatifs qui leur sont accolés, tandis que l’auteur de la violence, lui, se présente sous les traits d’un homme calme, rationnel, victime d’une compagne « incontrôlable ».

"Chaque jour, des femmes brisées par l’emprise sont traitées comme des dangers… pendant que l’agresseur se fond dans le décor judiciaire."

L’inversion des rôles, une mécanique implacable

Des femmes victimes de manipulation perverse voient trop souvent leur réalité déformée, niée, puis retournée contre elles. Elles sont jugées non pas pour ce qu’elles ont subi, mais pour la façon dont elles réagissent à l’insupportable.
Instables, hystériques, dangereuses : tels sont les qualificatifs qui leur sont accolés, tandis que l’auteur de la violence, lui, se présente sous les traits d’un homme calme, rationnel, victime d’une compagne « incontrôlable ».

Le piège du pervers narcissique : pousser à l’extrême pour mieux accuser

Le pervers narcissique excelle dans l’art de l’instrumentalisation, nous le savons. Il pousse sa proie dans ses retranchements, la harcèle, la déstabilise, puis se retire pour devenir spectateur cynique de la tempête qu’il a lui-même provoquée.
La victime crie ? Il parle d’hystérie. Elle se défend ? Il dénonce sa violence. Elle s’effondre ? Il la fait passer pour folle. Et, trop souvent, la justice se laisse prendre à ce piège redoutable.

Oui, dans son désespoir, la victime peut en venir à des comportements extrêmes, qui seront aussitôt instrumentalisés, exploités pour l’achever. Il n’est pas rare qu’une femme, épuisée par des mois ou des années d’emprise, finisse par créer un « scandale » : confrontation publique, cris, gestes désespérés, parfois même consommation d’alcool ou de médicaments pour tenter de survivre à l’insupportable.

Prenons l’exemple d’une femme qui, sous l’effet de l’alcool et de médicaments peut-être, ose enfin affronter son agresseur et exprimer toute sa colère. Le manipulateur pervers n’a alors qu’à pointer du doigt son état, à la qualifier d’hystérique et d’alcoolique, discréditant ainsi tout ce qu’elle a pu dire ou dénoncer. La réaction de survie de la victime devient, dans le récit du manipulateur, la preuve de sa prétendue instabilité. Ce retournement de situation est d’autant plus efficace que la société et la justice restent encore largement perméables à ces stéréotypes sexistes et à la méconnaissance des conséquences psychologiques dévastatrice de l’emprise perverse.

 

Autre scénario tristement fréquent : celui d’une mère qui, consciente du danger que représente le père pour ses enfants, alerte à plusieurs reprises les services sociaux. Épuisée par des mois de lutte solitaire, confrontée à l’incrédulité ou à la minimisation des professionnels, elle finit par craquer lors d’un entretien. Submergée par l’angoisse, elle s’effondre en larmes, élève la voix, supplie qu’on protège ses enfants. Le manipulateur pervers, parfaitement maître de lui-même, se présente alors comme le parent stable et raisonnable, dénonçant le déséquilibre de la mère et son incapacité supposée à protéger ou éduquer les enfants. Les services sociaux, témoins de la scène, interprètent la détresse de la mère comme un signe de dangerosité. Les enfants lui sont retirés, non pas parce qu’elle est dangereuse, mais parce que sa réaction, provoquée par l’emprise et la peur, a été mal comprise et exploitée par le manipulateur. Ainsi, la mère protectrice se retrouve privée de ses enfants, tandis que le père abuseur bénéficie du bénéfice du doute et de l’image de victime.

Dans ce processus, les services sociaux et la justice deviennent, bien malgré eux, les complices actifs du manipulateur pervers. Leur méconnaissance des mécanismes de l’emprise et leur tendance à juger la mère sur ses réactions visibles plutôt que sur la réalité de la violence subie permettent au manipulateur pervers narcissique d’instrumentaliser l’institution à son profit. La justice, censée protéger les plus vulnérables, se transforme alors en relais involontaire de la violence, aggravant la souffrance de la victime et renforçant le pouvoir du manipulateur.

La justice aveugle : quand la détresse devient une preuve contre la victime

Grâce à des avocats habiles, parfois peu sensibilisés aux mécanismes de l’emprise, le manipulateur parvient à retourner la situation à son avantage, exploitant les failles du système judiciaire et la difficulté à prouver la violence psychologique. L’inversion des rôles est totale : la victime authentique devient l’accusée, celle à qui l’on retire tout – ses enfants, sa réputation, parfois même sa liberté. Les tribunaux, mal formés à la complexité de la violence psychologique, confondent réactions de survie et dangerosité réelle.

Une étude du European Institute for Gender Equality révèle que, dans de nombreux pays européens, les signes de détresse émotionnelle chez les femmes victimes de violences psychologiques sont systématiquement mal interprétés par les juges, notamment dans les affaires familiales. Le contrôle coercitif, pourtant reconnu par la loi dans certains pays, reste largement incompris dans sa dimension insidieuse et cumulative.

« Tant que la justice confondra les réactions de survie avec la dangerosité réelle, elle continuera de condamner ceux qui luttent pour rester debout, et de protéger ceux qui les ont poussés à terre. »

Non, la victime n’est pas folle : elle est brisée par l’emprise

Il faut le dire sans détour : sous l’effet de l’emprise perverse, on peut véritablement sombrer dans la folie, au sens clinique du terme, lorsque la violence atteint un seuil extrême. La victime ne se contente pas d’être bouleversée ou fragmentée : elle peut perdre tout repère, développer des troubles psychiatriques sévères, et voir sa santé physique se détériorer jusqu’à l’apparition de maladies graves, parfois mortelles. L’emprise ne détruit pas seulement l’équilibre psychique ; elle met aussi en jeu la vie même de la personne qui la subit. Les cris, les gestes de défense, les ruptures de comportement sont l’expression d’une souffrance extrême, pas des preuves de dangerosité.

Les victimes ne sont pas dangereuses : elles sont en danger.

Former, sensibiliser, protéger : une urgence absolue

Lorsque les professionnels – magistrats, avocats, éducateurs, juges – ignorent les rouages de la manipulation perverse, ils deviennent malgré eux les complices d’une violence qu’ils pensent condamner. Il est urgent de former tous les acteurs de la chaîne judiciaire aux mécanismes de l’emprise et de la manipulation psychologique. Sans cette prise de conscience, la justice continuera d’offrir une double peine aux victimes : subir la violence, puis être condamnées pour avoir tenté d’y survivre.

Conclusion :

Il est temps d’exiger que la justice cesse d’être l’arme des manipulateurs pervers pour redevenir enfin le refuge des victimes. Ouvrons les yeux sur la réalité du phénomène d’emprise, formons sans relâche les professionnels, écoutons avec bienveillance, partageons les savoirs et les expériences. Mais, surtout, apprenons à ne plus juger les femmes à l’aune de leurs cris de détresse, de leurs effondrements ou de leurs gestes désespérés.

Regardons au-delà des apparences, et reconnaissons la vérité de ce qu’elles ont enduré. C’est à ce prix seulement que la justice pourra retrouver sa dignité : en protégeant celles et ceux qui luttent pour survivre, et non ceux qui excellent à les faire sombrer.

« La justice ne doit pas juger les victimes à la mesure de leurs cris, mais à la profondeur de leurs blessures. C’est seulement ainsi qu’elle redeviendra un refuge, et non l’arme des bourreaux. »

Geneviève Schmit – Psychopraticienne et auteure, spécialisée dans l’accompagnement des victimes de violences psychologiques, de manipulation perverse et de relations toxiques.

Geneviève Schmit – juin 2025

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Genevieve Schmit

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3 commentaires :

  1. Avez-vous des exemples où la justice a réussi à poser de vraies limites ? N’est-ce pas plus risqué au final pour la victime et ses enfants, puisque par définition ce genre de personne n’accepte pas les limites. Le retour de bâton n’est jamais très loin.
    Ça va peut-être paraître horrible ce que je vais dire, mais pour moi il a fallu lâcher les enfants pour me donner la possibilité de me reconstruire et d’être pleinement disponible pour eux. J’ai mis du temps à le comprendre mais je pense qu’au final c’est ce qui nous a sauvé. Enfin pour le moment car rien n’ai jamais vraiment fini tant qu’ils/elles n’ont pas trouvé une autre cible.

  2. Bonsoir
    Vous croyez vraiment que la justice peut changer quand on voit qui est à sa tête ? Personnellement je crois qu’il ne faut rien attendre de la justice dans le cas de la perversion narcissique.
    Et plutôt que de perdre des années à s’user en justice, il vaut mieux utiliser ce temps pour se reconstruire, être fort.e afin de pouvoir être présent.e pour nos enfants et leur montrer concrètement que non on n’est pas fou/folle et leur apporter un autre discours. Ce n’est pas la justice qui leur fera prendre conscience de la perversion mais notre témoignage vivant et sincère sur la durée.
    Concrètement je n’ai pas vu de jugement gagnant contre un pervers narcissique à moins qu’il ne soit tombé dans sa rage narcissique qui lui a fait perdre le contrôle et commettre une erreur fatale. Comme vous le dites dans l’article tout est minutieusement orchestré pour faire flancher l’autre et mettre la justice de son côté, pour moi il n’y a aucune raison pour qu’il en soit autrement.
    Bien à vous

    • Je partage totalement votre avis. Quand c’est possible, mieux vaut ne pas s’acharner à vouloir que la justice reconnaisse le statut de victime : ce temps peut être dédié à une véritable reconstruction loin de l’emprise psychologique.
      Mais hélas, lorsque le parent toxique met en danger les enfants ou que le bourreau devient trop menaçant, la justice reste parfois la seule issue pour tenter de poser une limite à la perversion narcissique… même si elle est bien souvent trompée par les mensonges d’un manipulateur qui se pose en victime.
      Merci pour ce partage, Geneviève Schmit

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