La sidération traumatique : quand le corps et l’esprit se figent face à l’horreur

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L'emprise perverse et la sidération traumatique : une réalité méconnue

La sidération traumatique dans les violences sexuelles : un état de paralysie involontaire face à l'agression, souvent mal interprété comme consentement. Crucial à comprendre pour soutenir les victimes et combattre les injustices.

Dans le cadre des violences sexuelles, notamment les viols, la sidération traumatique représente une réaction neuro-psychique fréquente, mais trop souvent mal comprise. Cette réaction paralyse les fonctions motrices et mentales de la victime, l’empêchant de réagir face à l’agression. La victime, pétrifiée, se retrouve incapable de crier, de parler, de bouger, ou même d’organiser sa défense ou sa fuite. Cette incapacité est parfois interprétée à tort comme un consentement, alors qu’il s’agit d’une réaction involontaire, subie, et non choisie.

La sidération traumatique, initialement décrite dans des contextes de guerre, se manifeste également chez les victimes de violences sexuelles ou perverse. Elle est particulièrement fréquente chez les femmes adultes violées, avec au moins 70 % d’entre elles décrivant un état de sidération. Chez les enfants violés, ce pourcentage atteint presque 100%. Bien que moins étudiée chez les hommes, cette réaction est également présente dans la pratique clinique.

Cette sidération est un indicateur majeur de lourdes conséquences psycho traumatiques, notamment des troubles dépressifs, des états de stress post traumatiques et même des états d’effondrements physiologiques. Cette sidération résulte d’un blocage des fonctions supérieures du cerveau, notamment du cortex cérébral, entraînant un état de stress extrême et le déclenchement de mécanismes neurologiques de sauvegarde, impliquant également des structures telles que l’amygdale et l’hippocampe. Ces mécanismes sont presque toujours à l’origine d’un psycho traumatisme.

L’état de sidération traumatique n’est pas lié à la personnalité ou au sexe de la victime, mais plutôt à la gravité et à l’intensité de la menace. Cependant, il est d’autant plus important et sévère que la victime est vulnérable, notamment chez les enfants, les personnes âgées, les personnes en situation de handicap, celles sous emprise perverse, ainsi que celles ayant déjà été victimes de violences.

Les agresseurs, conscients de cet état de sidération, l’utilisent pour paralyser leurs victimes. Ils adaptent instinctivement leur stratégie en fonction de la victime, de son état, de ses réactions et du contexte. Ainsi, la sidération profite à l’agresseur, lui permettant d’agir sans opposition.

« La sidération profite à l’agresseur, lui permettant d’agir sans opposition. »

Geneviève Schmit

La sidération traumatique et ses conséquences psycho traumatiques ne sont pas suffisamment connues et prises en compte. Souvent, elles sont reprochées aux victimes, notamment dans le cadre de procédures judiciaires, où elles peuvent être interprétées comme preuve de consentement. Cette méconnaissance entraîne également chez les victimes des sentiments de culpabilité et de honte.

Il est essentiel de reconnaître les psycho traumatismes comme des conséquences normales et universelles des violences, d’informer les victimes, leurs proches, le grand public, et de former les professionnels sur leurs mécanismes. Cela permettra une meilleure compréhension et accompagnement des victimes, évitant ainsi des injustices et la répétition de violences.

« La sidération de la victime est souvent exploitée pour nier l’agression, masquant ainsi la réalité du traumatisme subi. »

Geneviève Schmit

En dehors de la sidération, les réactions face à un traumatisme peuvent varier considérablement. Parmi ces réponses, on retrouve les comportements de fuite, de lutte, ou d’effondrement. La fuite se manifeste par une tentative d’échapper physiquement à la situation traumatisante, et la lutte par une confrontation directe ou une tentative de surmonter activement l’agression. L’effondrement, en revanche, se réfère à une rupture profonde, tant physique que mentale, sous l’impact du choc. Cela peut se manifester par des lésions physiques graves, ouvrant la voie à des maladies graves telles que les cancers, les infarctus, la sclérose en plaques, entre autres, ou par des troubles psychiques sévères, pouvant aller jusqu’à la perte de contact avec la réalité. Ces réactions, déclenchées par des réponses neurologiques et hormonales, sont des tentatives désespérées du corps et de l’esprit de gérer une menace extrême. Il est crucial de reconnaître que ces réactions, y compris la sidération, sont des réponses totalement involontaires et naturelles à des situations de stress intense ou de danger.

Conclusion :

La sidération traumatique, souvent méconnue et mal interprétée, est un phénomène complexe et profondément ancré dans les réactions neuro-psychiques des victimes de violences sexuelles et perverses. Cette paralysie involontaire, loin d’être un signe de consentement, est en réalité un cri silencieux d’une détresse profonde, un signal d’alarme indiquant des conséquences psychotraumatiques graves et diversifiées. Elle n’est pas le reflet de la personnalité ou du sexe de la victime, mais plutôt une réponse instinctive à une menace extrême, affectant de manière disproportionnée les plus vulnérables parmi nous.

Les agresseurs, exploitant cette sidération, orchestrent leurs actes délictueux dans un climat d’impunité, aggravant ainsi le traumatisme de leurs victimes. Cette exploitation de la sidération dans le déni de l’agression est une double peine pour les victimes, souvent confrontées à l’incompréhension, à la culpabilité et à la honte.

Il est impératif de briser le silence autour de ce phénomène, d’éduquer et de sensibiliser le public, les professionnels et les instances judiciaires à la réalité de la sidération traumatique. Reconnaître et comprendre ces réactions involontaires est essentiel pour offrir un soutien adéquat aux victimes, pour prévenir les injustices et pour éviter la répétition des violences. En comprenant la sidération, la fuite, la lutte et l’effondrement comme des réponses naturelles à un danger extrême, nous pouvons commencer à apporter une réponse humaine et éclairée à ceux qui ont été touchés par ces tragédies.

C’est dans cette compréhension et cette reconnaissance que réside la clé pour une société plus juste et plus empathique envers les victimes de violences traumatiques.

Note : Cet article a été inspiré par des informations et des idées issues de « La sidération traumatique lors de viols. Mécanismes et conséquences »   publié par le docteur Muriel Salmona et a été enrichi et approfondi grâce à mon expérience professionnelle dans le domaine.

Geneviève SCHMIT – février 2024

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