Voix silencieuses : le long chemin vers la dénonciation des violences conjugales.
Lorsqu’une personne victime de violence conjugale met du temps à porter plainte, parfois des années après les faits, il est essentiel de comprendre les multiples facteurs qui influencent cette décision. Ces facteurs démontrent la complexité de la situation, loin d’être réductible à un simple manque de volonté ou de crédibilité de la victime.
Fascination pour l'Agresseur et Déni de la Réalité
Il est important de souligner que les femmes, parfois des hommes, qui nient la véracité des agressions et qui voient dans le délai de dépôt de plainte une preuve de fabulation ou de motivations cachées sont souvent elles-mêmes sous l’influence d’une fascination pour l’agresseur. Cette admiration, ou même idolâtrie, peut les rendre incapables de remettre en question l’image idéalisée qu’elles se sont construites de cette personnalité.
Ce phénomène est particulièrement observable lorsque l’agresseur est une figure publique ou une célébrité. La loyauté envers l’idole est parfois si forte qu’elle amène ces femmes à rejeter toute information qui s’oppose à la vision idéale qu’elles ont de cette personne. Dans certains cas, cette dénégation peut être si profonde qu’elle les amène à discréditer violemment les victimes, préférant préserver l’image idéalisée de l’agresseur potentiel plutôt que de reconnaître la possibilité d’actes répréhensibles.
Ce comportement crée un environnement où les victimes sont non seulement confrontées à leur propre traumatisme et aux défis liés à la dénonciation de leur agresseur, mais aussi à la nécessité de combattre une forme de négation sociale amplifiée par les admirateurs de l’agresseur. Dans ce contexte, il devient encore plus impératif d’offrir un soutien inconditionnel aux victimes et de promouvoir une compréhension plus nuancée et empathique des dynamiques complexes de la violence conjugale. Reconnaître la réalité de ces influences socioculturelles est essentiel pour changer les perceptions et offrir aux victimes la reconnaissance et la justice qu’elles méritent.
Idéalisation et Déni Face à l'Agresseur Idolâtré
Dans la dynamique complexe de la violence conjugale, un phénomène particulièrement troublant est la réaction de certaines personnes, paradoxalement souvent des femmes, face aux victimes qui mettent un temps considérable avant de porter plainte. Ces observateurs sceptiques interprètent parfois le délai avant le dépôt de plainte comme une « preuve » que la victime fabule ou poursuit des intérêts cachés, tels que des motivations financières, la jalousie ou le désir de se mettre en avant médiatiquement. Cette perception erronée ignore non seulement les multiples facteurs psychologiques et sociétaux qui influencent le comportement des victimes, mais aussi la réalité brutale et complexe de la violence conjugale.
Cet argument, basé sur le scepticisme, la bêtise et le jugement, est non seulement réducteur mais également dangereux. Il contribue à un climat de méfiance à l’égard des victimes, renforçant les obstacles qu’elles doivent déjà surmonter pour parler de leur expérience. En réalité, le choix d’une victime de retarder la dénonciation de son agresseur est souvent motivé par des facteurs tels que la peur des représailles, la honte et la stigmatisation sociale, l’emprise psychologique de l’agresseur, l’isolement, la difficulté de prise de conscience, l’amnésie traumatique, la perte de confiance dans le système judiciaire, et l’espoir de trouver du soutien chez d’autres victimes.
Admettre s’être trompé sur la personne idéalisée peut générer chez certains individus un effondrement personnel. Cette situation reflète souvent une identification profonde à l’agresseur, ou une projection de leurs propres valeurs et désirs sur cette personne. Reconnaître que cette figure idéalisée est capable de comportements répréhensibles peut ébranler leur jugement personnel et, par extension, leur propre identité.
Ce phénomène peut être assimilé au syndrome de Stockholm ou du sauveur, dans lequel une victime développe une empathie ou une loyauté envers son agresseur. Pour les personnes extérieures à la relation abusive mais qui idéalisent l’agresseur, la dynamique est légèrement différente, mais les effets psychologiques peuvent s’avérer similaires. Ces individus peuvent manifester une sorte de loyauté totalement aveugle envers l’agresseur, allant jusqu’à le défendre même après une condamnation judiciaire.
Ce mécanisme de défense peut être une tentative désespérée et inconsciente de préserver une certaine cohérence interne et d’éviter ainsi l’effondrement de leur propre système de croyances. Cela illustre la complexité des dynamiques psychologiques impliquées dans les relations avec des figures publiques idolâtrées. Ces admirateurs peuvent nécessiter un soutien psychologique pour reconnaître et accepter la réalité, et pour se distancier de leur identification à l’agresseur.
Nier qu'une idole puisse être agresseur, est parfois le seul moyen de protéger son propre monde de convictions pour ne pas s'effondrer soi-même.
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Comprendre cette dynamique est crucial pour aborder les réactions des admirateurs face à des accusations d’abus contre une célébrité. Une telle compréhension favorise un espace de dialogue plus empathique et moins accusateur, facilitant potentiellement une prise de conscience plus profonde et un soutien renforcé aux victimes de ces abus.
Facteurs de Plainte Tardive en Violence Conjugale
Il est important de reconnaître et de respecter la complexité et la gravité des situations vécues par les victimes de violence conjugale. Abstenez-vous de conclusions hâtives ou de jugements basés sur des préjugés, des idées fausses, ou sur la sympathie que l’agresseur peut inspirer. La compréhension, la sororité, l’empathie et le soutien sont essentiels pour encourager ces victimes à prendre la parole et à rechercher justice, quel que soit le temps écoulé depuis les faits.
Les agresseurs portent un masque à double face : l'une brillant sous les feux de l'admiration publique, l'autre sombre et méconnue, cachée dans l'ombre de la vie intime.
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- La peur des représailles : Souvent, la victime craint des réactions violentes de la part de l’agresseur après la plainte. Cette peur est d’autant plus accentuée lorsque l’agresseur possède une certaine notoriété, de l’argent, et est capable d’influencer l’opinion publique ou d’exercer du pouvoir dans certaines sphères.
- La stigmatisation sociale : Dans un contexte où les célébrités sont idolâtrées, la victime peut craindre d’être perçue comme une « briseuse de rêves » ou accusée de chercher de l’attention ou de l’argent. Cette stigmatisation devient un obstacle majeur, surtout dans un climat où l’on préfère préserver l’image d’une idole plutôt que de reconnaître ses failles.
- L’emprise et la manipulation psychologique : Les victimes de violence conjugale sont souvent soumises à une manipulation psychologique intense, les amenant à douter de leur réalité et de la légitimité de leurs souffrances. Ce phénomène est exacerbé lorsque l’agresseur est une personnalité charismatique et influente.
- L’isolement et la dépendance : Les agresseurs, en particulier ceux qui jouissent d’une certaine célébrité, ont souvent le pouvoir d’isoler leurs victimes de leur entourage et de les rendre dépendantes. Cet isolement renforce la difficulté à parler et à chercher de l’aide.
- La lenteur du processus de prise de conscience : Admettre qu’on est victime de violence est un processus douloureux et complexe, souvent retardé par la dépendance affective et la loyauté envers l’agresseur.
- L’amnésie traumatique : Ce phénomène est fréquemment observé chez les victimes de traumatismes sévères, comme la violence conjugale. L’amnésie traumatique se manifeste par une incapacité partielle ou totale à se souvenir d’événements traumatisants. Cette amnésie peut être une réaction de défense du cerveau face à une détresse émotionnelle insurmontable. Ainsi, une victime peut mettre des années avant de recouvrer la mémoire de l’abus subi, retardant d’autant la possibilité de porter plainte. Il arrive que les souvenirs n’émergent qu’en symptômes.
- La perte de confiance dans la justice : De nombreuses victimes hésitent à porter plainte par manque de confiance dans le système judiciaire actuel. Cette méfiance est souvent nourrie par des cas médiatisés où les agresseurs n’ont pas été condamnés ou ont reçu des peines jugées trop clémentes. En outre, il existe des situations où les victimes, non reconnues comme telles et confrontées à un classement sans suite, se retrouvent elles-mêmes visées par des plaintes pour diffamation de la part de l’agresseur, qui remportent parfois ces procès. Cette crainte de non-reconnaissance et de retournement judiciaire, en particulier face à un agresseur célèbre, peut fortement dissuader la victime de se tourner vers la justice.
- La culpabilisation et la responsabilisation erronée : Un aspect souvent négligé mais crucial est la manière dont la victime, sous l’effet du lavage de cerveau et de l’emprise psychologique, peut se sentir responsable de la violence subie. Cette distorsion de la réalité, où la victime pense avoir mérité les abus, est un mécanisme de défense complexe. Il résulte d’une manipulation subtile et continue, menant à une auto-accusation injustifiée. Cette fausse responsabilisation est un frein supplémentaire à la dénonciation des abus, car elle engendre une honte profonde et un sentiment d’impuissance, rendant encore plus difficile la démarche de porter plainte.
- L’attente de soutien d’autres victimes : Un autre facteur significatif est l’attente, par une victime, que d’autres personnes ayant subi des abus de la part du même agresseur se manifestent. Cette dynamique est particulièrement pertinente dans les cas impliquant des individus avec une grande notoriété ou un pouvoir important.
La raison en est double :
- La crédibilité accrue : Lorsque plusieurs victimes se présentent ensemble, elles peuvent se sentir plus crédibles aux yeux du public et des autorités judiciaires. Dans un contexte où une seule voix peut être facilement discréditée, surtout face à une célébrité, la force du nombre peut apporter un poids supplémentaire à leurs allégations.
- Le soutien émotionnel et psychologique : Faire face à un agresseur, surtout s’il est une figure publique influente, peut être une expérience isolante et terrifiante. Savoir que d’autres ont vécu des expériences similaires et sont prêtes à parler fourni un sentiment de solidarité et de force. Cette solidarité peut aider à surmonter les barrières émotionnelles et psychologiques liées à la dénonciation d’abus.
Ces facteurs montrent l’importance de créer un environnement où les victimes se sentent en sécurité et soutenues pour partager leurs expériences. La prise de conscience collective et la sororité entre les victimes sont cruciales pour briser le silence entourant les violences conjugales, en particulier lorsque l’agresseur est une personne de pouvoir ou de statut élevé. Il est essentiel que la société reconnaisse et valorise le courage de ces victimes qui, en se manifestant, permettent non seulement de mettre en lumière leurs propres souffrances, mais aussi de protéger d’éventuelles futures victimes.
Silence Brisé et Justice
Face à ceux qui nient la souffrance des victimes pour protéger l’image d’une idole, rappelons que la violence conjugale transcende le temps et la notoriété. Le soutien aux victimes ne doit pas dépendre du moment où elles trouvent la force de parler. La vérité et la justice doivent éclairer au-delà du voile séduisant de la célébrité.
Le soutien aux victimes doit transcender le temps ; que le silence se brise tôt ou tard, ni la vérité ni la justice ne doivent être voilés par l'éclat trompeur de la célébrité.
Geneviève SCHMIT Tweet
Que le silence se brise tôt ou tard, la vérité et la justice ne doivent pas être éclipsées par l’aura d’une personnalité. Les victimes de violence conjugale, indépendamment du statut de leur agresseur, méritent d’être entendues, crues et soutenues. Leur souffrance ne se mesure ni en temps écoulé ni en renommée. L’approche doit être empreinte d’empathie et de sérieux pour permettre une justice équitable et favoriser la guérison de ceux qui ont vécu de tels traumatismes.
Geneviève SCHMIT – mars 2024
Nathalie d’un groupe de soutien pour Plaza
« Marre de ces filles qui retrouvent la mémoire 20 ans après, elles ne connaissent rien au charme , ni de tout ce qui se rapproche de la vrai femme et de tous ces charmes que le côté féminin peut dégager, si elles ne savent pas se maîtriser et se défendre, il ne faut pas reporter les fautes sur les autres »
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"Bien qu'encore engluée (chantage économique) vers ce chemin de la résilience je peux dire que grâce à Geneviève Schmit j'ai pu faire un grand pas en avant ! Je suis en plein "chemin de croix" et pourtant la lumière semble ne pas être très loin. Merci"
Chantal
"Il y a deux raisons : la première, c'est qu'il faut se rendre compte de ce qui se passe et arriver à mettre des mots dessus, ce qui peut prendre des années. Quand il y a trop de souffrance, le cerveau efface. En réalité, cela ressort toujours, et c'est un tsunami. La seconde, c'est qu'on sait inconsciemment qu'en parlant, il y aura des conséquences, graves ou pas, et il faut beaucoup de courage et de force pour affronter le déni des autres. Et je ne parle pas de la justice, c'est encore autre chose !"
Clémentine
"Cet article est un chef-d'œuvre qui illustre avec brio les conséquences potentielles du fanatisme. Seules les victimes ayant vécu sous l'emprise, ayant pris conscience de leur situation et s'en étant libérées, peuvent véritablement comprendre l'ampleur de ces expériences. En réalité, peu de personnes en sont capables. Tous les psychologues ne possèdent pas votre compétence pour accompagner ces individus brisés dans leur parcours solitaire. Les commentaires lus dans ce groupe sont révélateurs : ils sont empreints de violence et de haine, reflets d'une société où l'apparence prime souvent sur l'essence même de l'être."
Maryse
Parlons en !
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Geneviève Schmit.
Facebook pour les victimes de violence psychologique et de manipulation perverse. Soutien.Psy
Bonjour Jenny, Merci pour votre partage, et sachez que votre ressenti est parfaitement compréhensible. Il est fréquent, après avoir vécu…