Violence intrafamiliale : pourquoi tant de morts ?

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Violences intrafamiliales : ce que personne n’ose dire, mais que tout le monde devrait entendre.

Violence intrafamiliale : pourquoi tant de morts ? Ce que personne n’ose dire, mais que tout le monde devrait entendre. Geneviève SCHMIT

Réflexions sur deux réalités rarement discutées et plusieurs angles morts

La violence intrafamiliale, qu’elle touche les femmes, les hommes ou les enfants, surgit rarement par hasard.

Elle est le résultat d’un ensemble de facteurs qui s’entremêlent, se renforcent, et finissent par étouffer une relation.

Parmi eux, deux réalités sont très peu abordées alors qu’elles jouent un rôle essentiel dans le basculement des couples :

  1. La formation précipitée des couples, sans réel temps d’apprivoisement.
  2. L’impact aggravant de l’alcool, qui amplifie tensions, impulsivité et passages à l’acte.

Ces deux points ne suffisent pas à tout expliquer, mais ils créent un terrain vulnérable sur lequel les autres facteurs de risque, bien documentés, s’installent facilement.

1. Se mettre en couple sans se connaître : un terreau fragile

Notre société vit dans l’immédiateté. Les rencontres se font vite, trop vite. Les engagements suivent.
Beaucoup de couples ne prennent plus le temps de s’apprivoiser, de découvrir leurs valeurs, leurs attentes ou leurs zones d’ombre.

La relation devient alors un test grandeur nature où chacun espère que “ça ira”.
Mais lorsqu’un enfant arrive rapidement, le choix se réduit. Le lien devient impossible à rompre, même quand le danger apparaît.

Ce phénomène ne crée pas la violence, mais augmente fortement le risque d’être piégé dans une relation où les signaux d’alerte n’ont jamais été repérés.

2. L’alcool : un accélérateur de violence

Les faits sont clairs : l’alcool, et les drogues, sont des facteurs aggravant majeur dans les violences au sein du couple.
Ils ne créent pas la personnalité violente, mais ils baissent les inhibitions, augmente l’impulsivité, altère le jugement et transforme un conflit verbal en affrontement.

Et, point rarement évoqué : dans beaucoup de couples, les deux partenaires boivent.
Dans ces moments-là, la victime potentielle perd elle aussi sa capacité d’anticipation, de recul et de protection.

En résumé :
un couple fragile + un ou deux partenaires alcoolisés/drogués = un couple à très haut risque.

3. Les autres facteurs déterminants : ce que montrent les études

Les recherches mettent en avant un ensemble de facteurs associés aux violences intrafamiliales et aux féminicides :

Ces éléments forment un engrenage qui s’installe progressivement, souvent sans que la victime ne perçoive la dynamique réelle avant d’être déjà coincée.

4. Le rôle dramatique de l’impunité et de la méconnaissance du contrôle coercitif

C’est l’un des points les plus préoccupants.
Tant que justice, forces de l’ordre, professionnels de santé et travailleurs sociaux ne seront pas largement formés au contrôle coercitif, à l’emprise et aux mécanismes spécifiques de la violence conjugale, les victimes continueront de se heurter à un mur.

L’absence de réponses adaptées nourrit un sentiment d’impunité qui, lui-même, renforce la violence. C’est un cercle vicieux.

5. Les victimes ne sont pas “toutes blanches”… Oser dire cela sans accuser

C’est un point sensible, mais essentiel pour comprendre la complexité des violences.

Reconnaître que la dynamique relationnelle joue un rôle ne signifie pas culpabiliser la victime.
Au contraire, cela redonne du pouvoir, car comprendre ce qui se joue permet de reprendre sa liberté intérieure, de poser des limites, de faire des choix et parfois de sortir du cycle de la violence.

Beaucoup entrent dans un couple sans recul, en reproduisant des schémas familiaux ou en cherchant inconsciemment à combler un manque, un fantasme.
Ils ne voient pas toujours comment leur façon d’être influence l’autre, comme dans toute relation humaine.

Cela n’excuse jamais la violence.
Mais cela explique pourquoi certains restent, reviennent, ou tolèrent l’intolérable : ils sont pris dans une dynamique qu’ils ne comprennent pas encore.

6. Alors, pourquoi tant de violences intrafamiliales ?

Parce que nous vivons dans une société où :

• on se rencontre trop vite,
• on s’engage trop tôt,
• on s’enferme trop facilement,
• on ne gère plus les frustrations
• on boit trop,
• on ignore ses propres blessures,
• l’auteur se sent souvent hors de portée des sanctions,
• et les structures censées protéger ne sont pas encore suffisamment formées.

Ce mélange-là est explosif.

7. Conclusion : ouvrir les yeux pour changer la trajectoire

Il ne s’agit ni d’accuser ni de dédouaner.
Il s’agit de comprendre pour agir.

La violence intrafamiliale n’est pas un mystère : c’est un enchaînement identifiable.
Et parce qu’il est identifiable, il peut être enrayé.

Prendre le temps avant de se mettre en couple.
Reconnaître ses blessures.
Comprendre le contrôle coercitif.
Limiter alcool et drogues.
Former les forces de l’ordre, la justice et les professionnels.
Mieux protéger les victimes.

C’est en combinant responsabilité personnelle et réforme structurelle que l’on réduira, réellement, le nombre de drames.

Geneviève Schmit – novembre 2025

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FAQ

La cause majeure de décès dans les situations de violence domestique est l’homicide commis par le conjoint ou l’ex-conjoint violent. Les études montrent que ces drames surviennent presque toujours après une escalade de violences physiques, psychologiques ou sexuelles subies sur une longue période.
Harcèlement, domination, menaces, violences verbales, maltraitance, emprise… toutes ces formes de violences faites aux femmes — mais aussi à certains hommes — structurent un cycle où l’agresseur prend progressivement le contrôle, jusqu’au passage à l’acte.
La violence conjugale mortelle n’est donc jamais un événement isolé, mais l’aboutissement d’un processus : violences psychologiques répétées, violences sexuelles, coups, contrôle coercitif, isolement, dénigrement et violations des droits des femmes ou de la victime en général.
L’enjeu essentiel est de reconnaître la violence tôt, d’obtenir une ordonnance de protection, et d’accéder rapidement à une aide aux victimes pour faire cesser la violence domestique et prévenir ces décès.

Bonne question. Voici quelques chiffres récents (France) — et les proportions — pour donner une vue d’ensemble des violences non mortelles et de qui en sont majoritairement victimes.

📊 Données récentes sur les violences conjugales et domestiques en France

🎯 Ce que cela signifie

  • Les femmes constituent l’immense majorité des victimes de violences conjugales et domestiques — qu’il s’agisse de violences non mortelles (coups, agressions, violences psychologiques ou sexuelles) ou d’homicides conjugaux.

  • Les hommes sont majoritairement les auteurs de ces violences.

  • Cela confirme ce que montrent aussi les cas de décès : dans l’immense majorité des homicides conjugaux (féminicides), l’auteur est un homme, la victime une femme. France 24+2Public Sénat+2

⚠️ Quelques limites et nuances

  • Ces chiffres reflètent les cas enregistrés (violences signalées, plaintes, dépôts de constat), mais une partie importante des violences — particulièrement psychologiques, sexuelles, harcèlement, pression — reste non signalée.

  • Tous les types de couples ne sont pas équivalents : hétérosexuels, couples non cohabitants, ex-couples, minorités sexuelles, etc. Les statistiques dominantes concernent majoritairement les couples hétérosexuels.

  • Le fait qu’une victime soit majoritairement une femme ne signifie pas que les hommes ne peuvent pas être victimes — mais, en nombre, le déséquilibre est net.

En France, les données récentes sont très claires : ce sont majoritairement les femmes qui meurent dans les violences conjugales, et les auteurs sont majoritairement des hommes.

Données officielles (France)

Selon le ministère de l’Intérieur, en 2024 :

Qui sont les auteurs ?

  • 111 hommes auteurs.

  • 27 femmes auteures.
    Soit près de 80 % d’hommes agresseurs dans les homicides conjugaux.

Ce que cela signifie

Les femmes sont massivement surreprésentées parmi les victimes de violences conjugales mortelles.
Elles sont tuées par un partenaire intime violent dans un contexte de violences physiques, psychologiques, sexuelles, de domination, d’emprise, et souvent après des mois ou des années de violences subies.

Les hommes victimes existent, et doivent être reconnus, mais les chiffres montrent que la violence conjugale mortelle en France reste largement sexuée.

En France, les victimes de violence — qu’elle soit conjugale, physique, sexuelle, psychologique ou verbale — sont majoritairement des femmes.
Les données officielles montrent qu’elles représentent l’essentiel des victimes de violences au sein du couple, de violences physiques, d’agressions sexuelles, de viols, et de violences sexuelles.
Selon le ministère de l’Intérieur, 84 % des victimes de violences conjugales enregistrées en 2024 étaient des femmes, et elles sont aussi les plus exposées aux violences répétées, aux violences subies dans le cadre du partenaire intime, et aux formes de violence les plus graves.
(Source : Ministère de l’Intérieur, Violences conjugales enregistrées 2024)

Les hommes peuvent également être victimes de violence, y compris de violence conjugale, mais ils sont proportionnellement beaucoup moins nombreux dans les cas de violences physiques, d’agressions sexuelles et de viol.
Les victimes masculines restent souvent invisibles, notamment dans les cas de violence psychologique, mais les statistiques montrent que les femmes battues et les femmes victimes de violence demeurent les plus touchées.

Au total, les victimes de violence regroupent :

  • des personnes ayant subi des violences physiques,

  • des personnes ayant été victimes d’agressions sexuelles,

  • des victimes de violence sexuelle,

  • des victimes de violences conjugales,

  • des victimes de formes de violence psychologique, verbale ou économique.

Reconnaître ces réalités est essentiel pour lutter contre les violences, faire cesser la violence, protéger les victimes, et mettre fin au déni qui, trop souvent, permet à l’agresseur de nier la violence ou de minimiser le délit.

Les 3 types de violence les plus reconnus dans le cadre conjugal, familial ou domestique sont :

1. La violence physique

C’est la forme la plus visible : coups, blessures, strangulation, bousculades, menaces physiques.
Elle touche particulièrement les femmes victimes de violences, souvent sous les coups du conjoint violent.
Elle peut conduire à un dépôt de plainte, à une ITT, et nécessite un signalement lorsqu’il existe un risque de violences.
Subir la violence physique laisse des traces immédiates, mais aussi une mémoire traumatique durable.

2. La violence psychologique et verbale

Moins visible, mais tout aussi destructrice.
Elle inclut : humiliation, dénigrement, isolement, menaces, contrôle, manipulation, jalousie excessive, intimidation, pressions.
C’est la forme de violence la plus fréquente chez les victimes de violences conjugales, car elle prépare et accompagne souvent les autres formes.
Elle vise à exercer des violences d’emprise et à briser la résistance de la victime.
C’est l’une des principales causes des violences qui s’installent dans le temps.

3. La violence sexuelle

Elle inclut le viol conjugal, les agressions sexuelles, l’imposition d’actes non consentis, la coercition sexuelle, le refus de contraception.
Beaucoup de femmes subissent des violences sexuelles sans savoir qu’elles relèvent du droit pénal.
Cette forme de violence est au cœur de la violence faite aux femmes, et elle reste très sous-déclarée.


Pourquoi ces trois types comptent ?

Parce qu’ils se cumulent.
Une victime de violence conjugale subit souvent plusieurs formes de violence à la fois : psychologique, physique, sexuelle.
Ces violences peuvent conduire à la violence familiale, à la terreur, et parfois au drame.

Reconnaître ces trois catégories permet de :

  • protéger de la violence avant qu’elle n’escalade,

  • faciliter le signalement,

  • lutter contre les violences conjugales,

  • agir contre la violence domestique,

  • soutenir les femmes qui ont été victimes et qui n’osent pas toujours se reconnaître comme telles.

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Genevieve Schmit

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