Pourquoi comprendre son passé ne suffit pas à se libérer de schémas relationnels répétitifs
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Il est aujourd’hui courant d’entendre des personnes justifier leur fonctionnement relationnel à l’aide des réponses au stress :
attaque (fight), fuite (flight), sidération (freeze) ou soumission adaptative (fawning).
Ces notions ont le mérite de mettre des mots sur des réactions longtemps restées incomprises.
Mais une question essentielle reste trop souvent évitée :
que devient une réponse de survie lorsqu’elle s’installe durablement à l’âge adulte ?
Car ce qui a permis de tenir, parfois même de rester en vie dans l’enfance, peut se transformer, des années plus tard, en une véritable prison relationnelle.
Les réponses adaptatives au stress : utiles mais insuffisantes sur la durée
Les réponses adaptatives au stress sont des réactions automatiques du système nerveux.
Elles ne relèvent ni d’un choix conscient, ni même d’un trait de caractère. Leur fonction est simple : protéger l’individu face à une menace perçue.
La réponse d’attaque (fight) vise à affronter.
La réponse de fuite (flight) cherche à s’éloigner du danger.
La sidération (freeze) immobilise lorsque ni l’attaque ni la fuite ne sont possibles.
La soumission adaptative (fawning) consiste à s’adapter à l’autre, à se conformer, à apaiser, parfois à s’effacer, pour préserver le lien ou tenter d’éviter un danger plus grand, réel ou imaginaire.
Ces réponses sont efficaces dans un contexte de menace.
Mais elles n’ont jamais été conçues pour structurer une vie relationnelle adulte.
La soumission adaptative : une intelligence de survie précoce
La soumission adaptative apparaît souvent très tôt, dans des environnements où l’enfant n’a ni la possibilité de fuir, ni celle de s’opposer.
Face à un parent imprévisible, violent, émotionnellement instable ou intrusif, plaire, anticiper, ne pas déranger devient une stratégie de survie.
Il est fondamental de le rappeler que ce mécanisme n’a rien de pathologique chez l’enfant.
Il témoigne au contraire d’une grande intelligence adaptative, au cœur même de l’instinct de survie.
L’enfant comprend que sa sécurité dépend de sa capacité à calmer l’autre, à se rendre acceptable, parfois invisible.
Il apprend à se taire, à deviner, à s’ajuster, à marcher sur des œufs.
Cela fonctionne.
Et c’est précisément pour cette raison que le mécanisme s’inscrit durablement.
Quand la survie devient une identité
Le réel problème n’apparaît pas dans l’enfance.
Il apparaît lorsque cette stratégie de survie devient, à l’âge adulte, un mode relationnel par défaut.
Certaines personnes finissent par se définir, voire s’identifier, à travers ce fonctionnement :
« Je suis comme ça. »
« Je n’y peux rien, c’est plus fort que moi. »
Cette identification peut être rassurante.
Elle donne une explication, elle déculpabilise.
Mais elle comporte un risque majeur : figer ce qui n’était qu’une réponse contextuelle.
Ce qui était une adaptation devient alors une identité victimaire.
À ce stade, la posture de victime ne sert plus seulement à se protéger.
Elle peut devenir un mode de relation, parfois même un moyen de pression, conscient ou non, sur l’entourage :
faire porter aux autres la responsabilité de son mal-être, imposer des concessions, éviter toute remise en question.
La souffrance est réelle.
Mais elle peut alors être utilisée comme argument relationnel.
Comprendre son fonctionnement ne garantit donc pas sa transformation.
Comprendre n’est pas se libérer
Il existe aujourd’hui une confusion fréquente entre compréhension et libération.
Savoir d’où vient un comportement n’implique pas automatiquement la capacité d’en sortir.
Une personne peut parfaitement comprendre qu’elle s’est effacée pour survivre, tout en continuant à s’effacer dans ses relations adultes.
Pourquoi ?
Parce que la compréhension intellectuelle ne modifie pas, à elle seule, les automatismes émotionnels, la peur du conflit, ni la difficulté à poser des limites.
Le danger apparaît lorsque l’explication devient une justification silencieuse :
« Je suis comme ça à cause de mon passé. »
Ce glissement est subtil, mais lourd de conséquences.
Il transforme une clé de compréhension en nouvelle cage.
Cette cage peut parfois servir à maintenir l’autre dans une position de réparation, de justification ou de renoncement.
De la survie à la responsabilité adulte
Sortir d’une logique de survie ne signifie ni nier son histoire, ni se faire violence.
Cela suppose un passage délicat mais essentiel : la responsabilité adulte.
Responsabilité ne signifie pas culpabilité.
Elle signifie reconnaître que ce qui était nécessaire hier ne l’est plus aujourd’hui.
Ce passage implique plusieurs renoncements inconfortables :
- renoncer à l’illusion que l’on peut éviter tout conflit,
- accepter que poser une limite puisse déplaire,
- tolérer la perte de certaines relations fondées sur l’effacement.
C’est souvent à ce moment-là qu’un accompagnement thérapeutique structurant prend tout son sens. Non pour expliquer davantage, mais pour travailler concrètement la peur, les limites et la posture intérieure.
Ce travail permet non seulement d’aller plus vite, mais surtout d’éviter de rester seul face à des mécanismes profondément ancrés.
Ce qui se transforme ne se transmet plus
Il existe une dimension souvent sous-estimée dans ce travail sur soi : la transmission.
Un adulte qui reste enfermé dans une logique de survie transmet, malgré lui, ce modèle à ses enfants. Pas nécessairement par les mots, mais par la posture. Par ce qu’ils voient, ressentent, intègrent.
À l’inverse, un adulte qui ose sortir de la soumission adaptative offre un autre modèle :
celui d’un être humain capable de se respecter sans dominer,
de poser des limites sans violence,
d’assumer sa place sans s’effacer.
Ce qui se transforme aujourd’hui ne pèsera pas demain.
Conclusion
Les réponses de survie ont une fonction précieuse.
Elles expliquent.
Elles éclairent.
Elles déculpabilisent.
Mais elles ne doivent jamais devenir des identités définitives.
Comprendre son passé est une étape.
S’en libérer est un choix adulte.
Ce qui a permis de survivre hier ne doit pas condamner à subir, ni à faire subir, aujourd’hui.
Geneviève Schmit – décembre 2025
Comprendre son passé permet d’expliquer certains comportements, mais cela ne suffit pas à les transformer.
Dans des relations toxiques marquées par la manipulation, la culpabilisation, le harcèlement moral ou la perversion narcissique, les mécanismes à l’œuvre sont émotionnels et relationnels, pas seulement intellectuels.
Une personne peut parfaitement identifier qu’elle a été victime, proie ou sous emprise, tout en continuant à se comporter de la même manière face à un conjoint manipulateur, un ex toxique ou une personne exerçant son emprise. La compréhension n’efface ni la peur du conflit, ni l’empathie excessive, ni les automatismes de soumission installés de longue date.
Le risque apparaît lorsque l’explication devient une justification :
« Je suis comme ça à cause de mon passé ».
À ce stade, la posture de victime peut involontairement maintenir l’emprise, empêcher la pose de limites et laisser la place aux comportements pervers, aux mensonges et à la domination.
Changer suppose de dépasser la seule analyse pour travailler concrètement les limites, la responsabilité adulte et la sortie des schémas de manipulation. C’est ce passage qui permet réellement d’échapper à l’emprise et de sortir durablement de relations toxiques.
Une stratégie de survie psychologique est un mécanisme automatique mis en place pour faire face à une situation perçue comme menaçante, le plus souvent durant l’enfance. Elle permet de préserver un minimum de sécurité émotionnelle lorsque l’environnement est instable, culpabilisant ou toxique.
Dans un contexte de parent toxique, de chantage affectif, de séduction manipulatrice ou de comportements pervers, l’enfant apprend à s’adapter pour éviter le rejet, la colère ou l’abandon. Il peut se taire, s’effacer, se soumettre, chercher à plaire ou faire passer l’autre avant lui. Ces réactions ne sont ni conscientes ni choisies : elles relèvent de l’instinct de survie.
À l’âge adulte, ces stratégies peuvent se réactiver dans des relations toxiques marquées par la manipulation, l’emprise psychologique ou le narcissisme. La personne devient alors particulièrement vulnérable face à une personne manipulatrice, un conjoint exerçant son emprise ou un bourreau relationnel. Elle peut se retrouver à culpabiliser, à passer pour une victime ou à maintenir l’emprise malgré la souffrance.
Ce qui protégeait autrefois peut ainsi devenir un piège relationnel. Tant que ces mécanismes ne sont pas reconnus et travaillés, ils peuvent favoriser la répétition de relations où l’on est manipulé, sous emprise, ou confronté à des comportements pervers. Comprendre ces stratégies est une première étape, mais s’en libérer nécessite un travail permettant de poser des limites, de sortir de l’emprise et de défaire durablement les schémas de manipulation.
La posture de victime devient un enfermement lorsqu’elle ne sert plus à se protéger, mais à structurer la relation. Être victime d’une manipulation, d’un comportement pervers ou d’une relation toxique est une réalité. Le problème apparaît lorsque cette position devient la seule manière d’exister face à l’autre.
Dans certaines dynamiques d’emprise, la personne reste sous l’emprise psychologique tout en se définissant exclusivement comme victime. Elle peut alors, souvent sans en avoir conscience, maintenir le lien par la culpabilisation, la plainte permanente ou le fait de faire passer l’autre pour responsable de tout. Cette posture peut involontairement permettre au manipulateur narcissique, à une femme manipulatrice ou à un homme pervers de conserver son pouvoir.
L’enfermement s’installe lorsque la souffrance devient un argument relationnel : passer pour une victime, être perçue comme fragile ou incomprise, éviter toute remise en question personnelle. Dans ces conditions, la posture de victime ne libère plus de l’emprise, elle peut paradoxalement contribuer à la maintenir.
Sortir de cette impasse ne signifie ni nier la violence subie ni excuser les comportements manipulateurs. Cela suppose de passer d’une position subie à une responsabilité adulte, capable de poser des limites, de démasquer les mécanismes pervers et de défaire progressivement l’emprise. Ce passage est souvent difficile, car il implique de renoncer à un rôle connu, mais il est essentiel pour échapper durablement aux relations toxiques.
L’effacement dans les relations adultes est rarement un hasard. Il s’agit le plus souvent d’un mécanisme ancien, appris très tôt, pour éviter le conflit, la perte du lien ou la violence émotionnelle. Ce comportement peut s’être construit face à une personne toxique, un parent imprévisible ou une relation où s’opposer semblait dangereux.
À l’âge adulte, ce schéma se réactive facilement face à un partenaire manipulateur, un homme pervers ou une personne exerçant une emprise psychologique. L’effacement devient alors une tentative de protection : céder, se taire, anticiper, éviter de déranger. Mais cette posture expose à la manipulation affective, à la culpabilisation et au risque de devenir une proie relationnelle.
Dans certaines dynamiques perverses, l’effacement permet à l’autre de maintenir son emprise. Plus les limites sont floues, plus le comportement manipulateur peut s’installer. La personne effacée peut alors se sentir sous l’emprise, manipulée, parfois même passer pour folle, tant la réalité est inversée.
S’effacer ne signifie pas manquer de caractère. Cela révèle souvent une peur profonde du conflit et une difficulté à poser des limites, parfois liée à une faille narcissique ancienne. Sortir de ce fonctionnement suppose de reconnaître ces mécanismes, puis d’apprendre à se positionner autrement, sans domination ni soumission. C’est ce travail qui permet progressivement de se libérer de l’emprise et de construire des relations plus équilibrées.
La culpabilité est l’un des leviers les plus puissants de l’emprise psychologique. Elle agit de l’intérieur. Lorsqu’une personne se sent coupable, elle doute de sa légitimité à poser des limites, à dire non ou à se protéger. Cette faille est facilement exploitée dans des relations marquées par la manipulation émotionnelle et les mécanismes pervers.
Dans une dynamique d’emprise, le manipulateur, homme manipulateur ou personne narcissique, retourne souvent la situation. Il se présente comme victime, minimise ses actes, provoque la confusion et amène l’autre à se sentir responsable de sa colère, de son mal-être ou de ses excès. La personne sous emprise finit alors par penser qu’elle exagère, qu’elle est trop sensible ou injuste. La culpabilité remplace la lucidité.
Ce mécanisme pervers maintient le lien : plus la personne culpabilise, plus elle s’adapte, se justifie, répare, et plus l’emprise se renforce. La colère de l’autre devient un outil de contrôle. Toute tentative de prise de distance est vécue comme une faute morale.
Sortir de l’emprise suppose de comprendre que la culpabilité n’est pas toujours un signal éthique, mais parfois un outil de domination. Défaire l’emprise implique alors de restaurer un discernement adulte, de reconnaître les jeux pervers et de se libérer progressivement de cette culpabilité imposée. C’est ce travail qui permet de cesser d’être manipulé et de reprendre une position intérieure stable.
Sortir d’un fonctionnement de survie à l’âge adulte suppose d’abord de reconnaître que ce mode relationnel, autrefois protecteur, n’est plus adapté. Tant qu’une personne agit depuis la peur, la culpabilité ou l’effacement, elle reste vulnérable aux manipulations psychologiques, à l’emprise de la colère et aux jeux pervers exercés par autrui.
Dans de nombreuses relations toxiques, le fonctionnement de survie maintient la personne sous emprise. Elle peut alors laisser manipuler, se sentir responsable de l’autre, ou passer pour une victime tout en restant liée à un grand manipulateur, un pervers manipulateur ou une personne exerçant son emprise. Ce schéma n’est pas lié à un manque d’intelligence, mais à des failles psychologiques anciennes, souvent exploitées par des comportements pervers.
Sortir de cette logique ne signifie ni devenir manipulateur à son tour, ni entrer dans une contre-manipulation. Cela implique un passage vers une posture adulte, capable de discernement, de limites claires et de responsabilité personnelle. Défaire l’emprise suppose d’identifier les mécanismes pervers, de cesser de justifier l’injustifiable et de reconnaître que certaines relations reposent sur une dynamique de domination et non sur un lien sain.
Ce travail demande souvent un accompagnement par un professionnel, psychiatre, psychanalyste ou thérapeute formé aux mécanismes de l’emprise, afin de ne plus rester seul face à ces schémas. Se libérer de l’emprise, c’est sortir du jeu pervers, refuser les conséquences perverses sur sa vie et reprendre une position intérieure stable. Ce passage permet de ne plus subir, ni faire subir, et de construire des relations fondées sur le respect et la responsabilité.
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